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ANALYSES.t.-p. thomson. Un nouveau système spiritualiste.

de vérité, dans une vérité plus compréhensive, et qu’il semble ouvrir une voie à l’explication du monde, à celle des êtres et de la vie, à celle de l’homme » (p. 7). Ce système, qui est une sorte de spiritualisme chrétien, M. Alaux nous annonce qu’il le développera en deux ouvrages, dont l’un aura pour titre : Théorie de l’âme humaine, l’autre : Dieu et le monde ». La première brochure dont nous avons donné le titre contient la première des six études dont doit se composer le premier ouvrage. M. Alaux s’efforce d’y montrer, à l’aide de la seule introspection, que l’âme a une existence réelle, distincte du corps, que, par suite, en face de la psychologie expérimentale, qui n’atteint que des faits de conscience, des phénomènes, il y a lieu de constituer une psychologie métaphysique où la conscience parviendrait à découvrir dans l’analyse du moi les lois mêmes de la substance de l’esprit. — En face de ce premier chapitre d’un ouvrage qu’on nous promet pour bientôt et dont le programme est fort intéressant, nous ne pouvons évidemment que nous borner à signaler la position que veut prendre M. Alaux parmi les psychologues contemporains. La critique et, s’il y a lieu, la discussion ne pourront venir que lorsque l’ouvrage sera complet. Nous attendons sa publication avec confiance et sympathie.

G. Fonsegrive.

T.-P. Thomson. Un nouveau système spiritualiste. L’évolution de l’idée de Dieu. In-12, 336 p.. Albi, 1887.

Il est sans doute écrit quelque part que la métaphysique est destinée à subir tous les assauts, ceux qui lui viennent de ses adversaires et ceux, bien plus dangereux, qui lui viennent de l’inexpérience de ses amis. Voici M. Thomson qui, s’étant aperçu que la science moderne a définitivement détruit la métaphysique du passé, prétend reconstruire, sous forme de journal, par les fulgurations momentanées de ses réflexions, la métaphysique de l’avenir. Selon lui, l’ancien spiritualisme théiste est mort et bien mort. Le matérialisme a ruiné tous les arguments par où l’on croyait autrefois prouver la spiritualité de l’âme (M. T. ne montre nulle part qu’il connaisse ces arguments) ; la science contemporaine a aussi chassé du ciel vide l’ancien Dieu réel et absolu (M. T. n’a pas l’air de se douter des premiers éléments de la question) ; enfin la science démontre que toutes les choses du monde sont dans un progrès, dans une évolution, dans un devenir perpétuels.

Mais M. T. est un cœur sensible. Il pense que l’homme, habitué aux espérances immortelles, accoutumé à croire que le ciel possède un hôte divin, tomberait dans la plus sombre désespérance, s’il ne pouvait remplacer le spiritualisme détruit par un nouveau spiritualisme, d’accord, celui-là, avec les données de la science contemporaine. Et pour rendre à l’humanité le hochet métaphysique brisé par la science impitoyable M. T. se met à l’œuvre. Il nous apprend alors que le progrès est illimité,