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plus stricte, sont analytiques tous les jugements généraux dont le prédicat est déjà contenu dans les concepts auxquels se rapporte ce qui est dit (die Aussage), en entendant par là que le prédicat doit être attaché à un objet, que par suite il peut être subordonné au concept du sujet ou encore que le prédicat appartient à ces attributs qui rendent applicable au particulier (das Einzelne) le concept du sujet.

Puis Koppelmann passe à l’origine du jugement analytique, à l’importance des jugements analytiques pour notre pensée, à l’examen des jugements analytiques d’après leur forme logique ; aux hésitations que montre Kant dans le choix des exemples qu’il emploie pour distinguer les deux espèces de jugement. Ainsi le jugement, la substance est permanente, analytique dans la Critique, est donné comme synthétique dans les Prolégomènes, parce que Kant définit tantôt la substance comme identique au permanent, tantôt uniquement comme sujet, parce que la persistance (Beharrlichkeit) est en outre, chez Kant, un vrai Protée, défini de façons différentes dans la première et la seconde édition de la Critique. De même le principe de l’unité nécessaire de l’aperception apparaît comme synthétique dans la première, comme analytique dans la seconde, sans que Koppelmann puisse expliquer comment Kant a été amené à déclarer synthétique le premier principe de notre pensée en général.

Ed. de Hartmann. Philosophie et Christianisme. — E. de Hartmann se défend contre Schütz. Ce dernier appelle la philosophie de la religion de Hartmann le fruit, cueilli sans peine et trempé dans la sauce du pessimisme, de la nouvelle théologie spéculative ; condamne, au nom du peuple auquel il appartient, cette tentative comme un travail de taupe philosophique, enlevant au peuple la dernière trace d’idéalisme et son dernier appui, blessant de la façon la plus grossière les sentiments des délicats et des hommes ordinaires ; oppose à cette philosophie sans Dieu la piété de Schopenhauer, le plus chrétien de tous les philosophes des temps modernes.

Th. Lipps. Sur l’espace de la perception visuelle. — Les faits dont Lipps cherche l’explication se ramènent à deux qu’on peut formuler ainsi : 1o la distance perçue de deux points appartenant au champ de vision d’un moment croît et décroît avec la distance réelle des points correspondants de l’image à l’intérieur de la rétine ; 2o deux points du champ de vision sont perçus à la même distance l’un de l’autre, si les points correspondants de l’image sont sur la rétine également éloignés l’un de l’autre, ou les objets sont vus d’une grandeur relative à la partie de la rétine sur laquelle ils peuvent se représenter en image (abbilden). Le premier de ces deux faits s’explique, selon Lipps, parce que les points plus voisins de la rétine sont touchés souvent par des excitations objectivement semblables, tandis que les points plus éloignés le sont souvent par des excitations objectivement différentes. De la ressemblance ou de la différence qualitative, correspondant à la ressemblance