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ANALYSES.coste. L’inconscient.

qu’elle va jusqu’à ne lui refuser à peu près rien, et à se plaire avec lui au simulacre de meurtre ou de vol dont le caractère simulé ne lui échappe point, en vertu de cette dualité de conscience dont je parlais tout à l’heure. Or, quand l’hypnotisé prend par hasard au sérieux une suggestion de délit, il faut voir avec quelle indignation il la repousse, s’il est honnête ! S’il y adhère, c’est qu’au fond il est plus malhonnête qu’on ne l’aurait cru, et l’hypnotisme n’a fait que révéler la noirceur cachée de son sous-caractère, pour ainsi parler. Il nous semble qu’il y a quelque exagération dans cette façon de penser ; mais il nous paraît bon de la mettre en regard des idées de M. Liégeois, comme leur correctif salutaire. Ce que M. Delbœuf a parfaitement mis en lumière par ses expériences, c’est, tout au moins, la diversité individuelle des effets produits, sur plusieurs hypnotisés, par la même suggestion. Chacun d’eux, par la manière originale dont il l’interprète, exprime bien son identité propre, indélébile, qu’il ne faut pas confondre avec sa prétendue liberté.

On voit, par ce qui précède, combien de classes différentes de lecteurs trouveront leur profit à la lecture du livre dont je viens de donner une idée bien sommaire. Les médecins légistes, les magistrats, les aliénistes, tous ceux que l’hypnotisme intéresse, y puiseront à pleines mains des documents sérieux, solides, présentés sous une forme claire et attrayante et soumis au contrôle d’une critique sévère.

G. Tarde.

Dr Coste. L’inconscient. Étude sur l’hypnotisme. J.-B. Baillière, 1889. In-12, 158 p.

M. le Dr Coste résume dans ce petit livre des idées aujourd’hui courantes sur le rôle des phénomènes psychologiques inconscients pendant la vie normale et pendant la vie somnambulique.

Il y a en nous deux êtres, dit-il, dès le début de l’ouvrage, qui ont une impressionnabilité différente et réagissent aussi chacun à leur façon ; ces deux êtres sont l’être conscient et l’être inconscient. Le premier, l’être conscient, perçoit quelques-uns des phénomènes qui nous environnent, mais l’un après l’autre seulement, car il ne peut connaître qu’une chose à la fois. Il pense, il raisonne, il veut ; il intervient dans tous les actes de la vie où la pensée réfléchie, la liberté, la conscience du moi se manifestent. Le second, l’être inconscient, perçoit tous les autres phénomènes que le premier par faiblesse, par distraction ou par habitude, laisse échapper ; il préside aux actes vitaux, instinctifs et habituels.

M. Coste, qui étudie surtout le second personnage, l’être inconscient, lui prête une foule de facultés. C’est l’être inconscient qui règle notre vie physique et le jeu de nos organes ; c’est lui qui nous fait avoir une