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revue des périodiques

à l’art. Le savant voit la réalité et le secret des choses, l’artiste jouit de leurs apparences et de leurs symboles imaginaires. Qu’est la terre pour le savant ? Une planète qui tourne autour du soleil. La matière ? L’étendu résistant. La nature ? Un ensemble de forces qui se convertissent réciproquement. Les fleurs, les arbres ? De la matière organisée, classifiable selon certaines catégories. Pour l’artiste, la nature a une âme, un langage, des sympathies humaines. Le savant fait des classifications rigoureuses pour établir la dynamique et la statique de l’esprit, les rapports entre les faits psychiques. Tout autre est la psychologie de l’artiste. Il regarde aux sentiments, les personnifie, les met en contraste, cherche les mots, les lignes, les notes les plus aptes à les exprimer. L’homme habitué au vrai, au seul vrai, finira par rire des créations de l’artiste. La civilisation contemporaine est ennemie de l’art. La civilisation rend tout uniforme (poco dipingibile), les vêtements, les maisons, les contrées, les places et les ports. Elle enlève à la poésie épique, dramatique, lyrique, les passions héroïques ou extraordinaires, sans lesquels la grande poésie ne peut vivre. Elle pousse la musique elle-même à remplacer la mélodie par l’harmonie, la science par l’art, l’émotion par l’abstraction.

S. Fimiani. Quelques observations sur la relation entre le νοῦς et la ψυχή dans la doctrine philosophique d’Anaxagore. — Le processus originaire, dans l’esprit du philosophe grec, n’est pas du nous à la psyché, mais de celle-ci à celui-là. La puissance intellectuelle, la faculté la plus élevée de la psyché, vient à être comme détachée de son trône primitif, et, par voie d’abstraction et de généralisation croissante, arrive à être considérée comme force animatrice et premier principe de toutes choses. Intelligence et âme, dans Anaxagore, loin d’être identiques, représentent des points extrêmes et opposés d’un même processus, l’un transcendant, l’autre immanent, l’un spirituel, l’autre corporel. Cette interprétation, contraire à celle d’Aristote, de Trendelenbourg et de Zeller, rend compréhensible et relativement cohérente la théorie de la connaissance chez Anaxagore.

Principaux comptes rendus : G. Bruno et les sources de ses doctrines, de Giovanni (L. Cecchi). — Kritik der reinen Erfahrung, d’Avenarius (S. Ferrari). — La doctrine philosophico-juridique, de Schopenhauer et d’Hartmann (C. Segré). — Le monisme dynamique et ses rapports avec les principaux systèmes modernes, de R. Benzoni (A. Martini). — De la religion et de la philosophie chrétienne, de B. Labanca (L. Cecchi. — L’art et la poésie chez l’enfant, de B. Perez (L. Ferri). — La morale et le droit, de G. Fontana (E. Iuvalta).


Rassegna Critica.

(Agosto 1888 — Febbraio 1889.)

G. Cesca. Les doctrines sur la nature de l’âme. — Après avoir très