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REVUE GÉNÉRALE.histoire et philosophie religieuses

nuellement rectifiées par l’étude analytique des petits faits, ceux-ci, en revanche, ne produisent que de la poussière aveuglante, sans utilité comme sans intérêt, si on ne tâche pas de les relier en les rattachant à des idées générales et organiques. Les unes et les autres, sur le domaine de l’histoire, doivent dailleurs être toujours considérées comme des essais perpétuellement soumis à revision. Mais c’est leur concomitance, c’est leur action mutuelle qui fait avancer la science historique. Après tant d’études laborieuses, d’un mérite incontestable, roulant sur les faits principaux, et sur de nombreux points de détail de l’histoire chinoise, il était bon, c’est du moins ma conviction, qu’un travail d’ensemble, fortifié par l’habitude et l’étude prolongée des questions religieuses, coordonnât les résultats que l’on peut tenir pour acquis. J’ai eu la hardiesse de le tenter ; il ne m’appartient pas de dire si j’ai réussi. »

Ce propos est’fort légitime. L’écrivain qui travaille de seconde main devra, sans doute, ne perdre jamais de vue les dangers de sa situation, mais l’habitude qu’il a de traiter les questions qui touchent au culte et aux idées religieuses lui permettra de classer et d’ordonner d’une façon profitable les résultats et les faits le plus solidement acquis. Nous n’en sommes pas, d’ailleurs, en ce qui touche la Chine, dans l’embarras où nous met, par exemple, l’assyriologie avec l’incertitude du déchiffrement et les prétentions contradictoires des spécialistes. Pour la Chine, les textes sont amples, d’une interprétation assurée, et l’ensemble des travaux qui lui ont été consacrés créerait plutôt une difficulté au vulgarisateur par leur abondance et leur richesse. Mais nous nous étonnons que l’auteur ait cru devoir placer en tête même de son volume des considérations générales qui aboutissent à un jugement défavorable sur la civilisation chinoise. On pourra même penser que M. Réville s’en tire à bon compte en condamnant la Chine sous le prétexte que « l’idéal chinois est un souvenir, le nôtre une espérance ». — « C’est, ajoute-t-il, une différence radicale, tout entière en notre faveur. » Je ne sais si tout le monde en jugera de même. Une civilisation telle que la nôtre, féconde en manifestations brillantes, mais impuissante à trouver son assiette, doit-elle être jetée si volontiers comme argument suprême à la face du Chinois, et possédons-nous des motifs de satisfaction personnelle assez grands pour opposer fièrement notre vie « plus colorée, plus ample, plus intense », à la a vie recroquevillée du Chinois » ? Il nous paraît, en tout cas, qu’il y a quelque injustice à faire précéder l’exposé de la religion chinoise d’une appréciation aussi partiale, qui aurait tout au plus dû venir comme conclusion.

Voici les divisions adoptées par M. Réville. L Considérations générales sur la civilisation chinoise, aboutissant à ce jugement : la Chine a excellé dans le médiocre. II. Esquisse d’une histoire de la Chine. III. Les livres sacrés. IV. L’ancienne religion chinoise. V. La religion de l’État chinois. VI. Le culte des ancêtres. VII. Les sacrifices chinois. VIII. Le culte impérial. IX. Confucius. X. Le confucéisme. XI. Les destinées du confucéisme. XII. Lao-Tseuetle Tao-Té-king. XIII. Le taoïsme,