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analyses. — abate longo. La legge del diritto in rispetto.

physiques, organiques, psychologiques, sociales. C’est ainsi qu’il retrouve partout la loi du mouvement selon la ligne de plus faible résistance et selon la ligne de plus grande traction. (Chap. III.)

Mais, en même temps, il maintient les prérogatives psychologiques, morales, sociales, du règne humain sur le règne animal. Les idées du beau, du bien, le sentiment religieux, n’apparaissent véritablement qu’en l’homme malgré les analogies qui se rencontrent chez l’animal. De même le droit est caractéristique de la société humaine et ne se retrouve pas véritablement dans les sociétés animales. (Chap. II.)

Après avoir discuté différentes formules du droit, notamment celles de Schœffle et de Schiaturella, d’une part ; celles de Krause et de Trendelenburg de l’autre, l’auteur définit le droit : la loi de limitation et d’intégration réciproque et organique des biens et des personnes. Le droit, comme pouvoir, peut être considéré soit dans les rapports des personnes entre elles, soit dans les rapports des individus à l’unité sociale collective, au corps social. M. Longo reprend à ce propos la théorie de Vico qui distingue dans le droit, tant privé que public, trois éléments, la souveraineté, la liberté et la défense (dominio, libertà, tutela) ; il lui reproche seulement de ne pas suffisamment faire voir dans le droit « un complexus de forces organiques, individuelles et sociales, privées et publiques, qui d’une part se développent dans leur sphère d’action respective, d’autre part coopèrent à l’harmonie du tout ». Même lacune, et plus accentuée encore chez Romagnosi, qui considère trop exclusivement le droit comme ayant sa raison d’être dans l’intérêt individuel.

Considérée par rapport à la loi morale, la loi du droit représente l’aspect extérieur et mécanique de l’activité humaine, la loi morale l’aspect interne et dynamique : l’une a trait aux rapports de l’individu avec son milieu social, l’autre à l’idéal immanent de l’être lui-même. Mais l’une et l’autre sont supérieures à la coutume et à l’habitude, qui sont constituées par l’activité humaine fixée, devenue inconsciente et instinctive (natura fatta), tandis que le droit et la morale représentent « les formes nouvelles et meilleures de l’énergie physique en regard des vieilles habitudes » (natura che si fa). D’ailleurs, quoique interne, la loi morale a une valeur sociale non seulement par son action sur les individus, mais aussi en tant que les collectivités elles-mêmes ont leur loi interne et leur fin morale. (Chap. IV.)

Le dernier chapitre (V) contient l’étude des rapports du droit naturel et du droit positif. Celui-ci est conçu comme le développement concret que reçoit celui-là sous l’action de l’évolution (facteur interne) et de l’adaptation (facteur externe), facteurs que Spencer a eu le tort de confondre.

G. Belot.