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tricable de la cinématique de l’expression humaine pour chaque excitant, mais de restituer les expressions mathématiques rigoureuses et inconscientes de ces excitants et de préciser les lois générales de ces schèmes chez l’être vivant. Chaque excitant est dynamogène ou inhibitoire, dans une certaine mesure à la fois l’un et l’autre ; puisqu’il n’y a que deux caractéristiques possibles et irréductibles l’une à l’autre de tous les excitants, un schème à deux dimensions suffit à les exprimer. Mais la dynamogénie et l’inhibition ne varient pas dans le même sens que l’intensité de l’excitant : on sait qu’un rapport de nombres de vibrations plus grand qu’un rapport donné ne correspond pas à un intervalle musical plus consonant, ni un rapport plus petit à un intervalle musical plus dissonant. Ces fonctions subjectives sont donc des fonctions d’ordre ; elles dépendent de ces quantités que Hamilton a appelées vecteurs, définies par la direction, en conséquence par trois données numériques qui les rapportent aux axes coordonnés, en opposition aux quantités qu’il appelle scalaires, définies par une seule donnée numérique. Par exemple, une température est une quantité scalaire ; il suffit, en effet, d’une seule donnée, un nombre de degrés, pour la définir : un courant est une quantité vecteur, en ce qu’il faut non seulement indiquer son intensité, mais sa direction. De même, pour définir un excitant ou une variation d’excitation au point de vue subjectif, il faut non seulement en marquer la quantité, mais aussi le caractère dynamogène ou inhibitoire, rythmique ou non rythmique : ce qui revient à une représentation de cet excitant en direction, de cette variation d’excitation en changement de direction, comme il va être établi.

En effet, au point de vue de la conscience (et nous pouvons admettre la simplification de ce point de vue subjectif, sauf à en démontrer ultérieurement la légitimité), l’être vivant est un centre muni de rayons définis d’activité (ses appendices supérieurs et inférieurs droits et gauches), dont le mécanisme est assimilable à un compas. Îl est clair que plus l’être vivant s’élèvera en organisation, plus le schème de ses opérations s’écartera de cette forme ; il y aura des résultantes complexes des mouvements circulaires de parties isolées ; mais l’impossibilité de coordonner rigoureusement des appendices en des actions simultanées pendant un temps fini et par suite la tendance des opérations simultanées à devenir successives et indépendantes les unes des autres, permettent de considérer cette forme circulaire comme la forme élémentaire, normale et persistante du mécanisme vivant.

Pour l’homme, par l’étude schématique de la mécanique animale on peut prouver facilement que toutes les actions nerveuses ont pour