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violents. Les mouvements de ressaut de la paume qui rebondit, malgré sa tendance centripète, seraient inexplicables sans la propriété occulte, si non in asylum hoc proprietatis occultæ confugiamus. C’est son dieu de la machine, et il en use comme le grammairien Sanchez, de l’analogie. Après deux digressions singulières sur la production des vents et de la pluie, il arrive à l’exposition de la cinématique animale. Les mouvements des animaux sont multiples, mais on peut les réduire à quatre chefs par rapport aux causes : 1o les objets extérieurs présents ; 2o les images des objets extérieurs ; 3o ces deux causes, plus l’instruction reçue ; 4o les mouvements instinctifs ou naturels. En d’autres termes, la sensation, soit médiate, soit immédiate, est la cause prochaine des mouvements. L’art et la nature n’y ont qu’une part minime. Donc la spontanéité des mouvements se réduit, ou peu s’en faut, à rien. Autrement dit, mouvement et sensibilité sont connexes, inséparables.

Telle est la substance d’une exposition où l’on voit l’analyse la plus subtile concourir à la démonstration de l’unité par accumulation et non par élimination des objections et des preuves. Procédé ingénieux qui fait valoir la souplesse d’un esprit fertile en ressources.

Combien y a-t-il d’espèces de mouvement ? Trois : 1o mouvements inorganiques, tels que la descente des graves ou la montée des choses légères, soit centripètes et centrifuges, mere naturaliter ; 2o mouvements volontaires, spontanés, tels que ceux de l’homme ; 3o mouvements organiques non spontanés provenant d’une force externe ou interne, dits aussi vitaux, produits par la contraction ou le relâchement des muscles, animés par les nerfs qui émanent du cerveau, tant chez l’animal que chez l’homme.

Voilà qui est clair et explicite.

Le système nerveux apparaît dès lors comme la pile électrique de l’économie animale ; et les médecins ne sont plus réduits à l’empirisme brut en traitant de la sensibilité, de la raison et de la déraison. La chair, les nerfs et les viscères font désormais contrepoids aux humeurs d’où émanaient les esprits par une sorte de sublimation métaphysique. La connaissance des solides devait dissiper les fictions accumulées autour de la doctrine des éléments et de la théorie humorale, et ouvrir la voie à la dynamique rationnelle du monde organique. C’est au futur historien de la folie qu’il appartient d’élucider cette question capitale dans l’histoire de la médecine et de la philosophie. Les anciens savaient que le sang est le modérateur des nerfs ; mais ils ignoraient que les nerfs font mouvoir le sang et président aux sécrétions, et qu’en eux se résume toute vitalité.