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Nous avons retrouvé cette absence du pouvoir de graduation chez cinq autres hystériques anesthésiques : Cle…, Lavr…, Rig…, Chesn…, Hirs…

État des forces dans la paralysie. — L’étude des forces chez l’hystérique nous oblige à rapprocher de l’anesthésie la paralysie. Dans le cas où un membre est atteint de paralysie flaccide et perd par conséquent toute contraction volontaire[1], on a constaté, chez quelques sujets, que par une sorte de compensation le membre symétrique acquiert une augmentation de la force musculaire volontaire. On peut s’en convaincre en produisant une paralysie par suggestion et en explorant, avec le dynamomètre, l’état des forces avant, pendant et après l’expérience.

Ce fait intéressant se trouve signalé pour la première fois dans le livre de M. Féré et de moi sur le magnétisme animal. Il constitue un signe différentiel important de la paralysie hystérique suggérée, comparativement aux paralysies de cause organique, dans lesquelles le côté non paralysé présente un affaiblissement moteur. (Pitres[2], Friedländer[3].) Ceci nous montre que, malgré quelques caractères communs, la paralysie hystérique suggérée diffère des paralysies organiques. Nous reviendrons sur ce point.

Il est instructif de remarquer que lorsqu’un membre devient anesthésique, sa force musculaire diminue et celle de l’autre membre augmente, et que, lorsque ce membre est paralysé (circonstance aggravante), sa force musculaire (volontaire) devenant égale à 0, celle de l’autre membre augmente encore, et dans une proportion beaucoup plus considérable ; elle peut doubler ou même tripler.

Il y a généralement dans ces expériences une perte, au moins apparente, de force musculaire ; un des côtés perd un peu plus que l’autre ne gagne.

Chez P. Sch., en produisant par suggestion une paralysie du bras droit (anesthésique), j’observe qu’il se produit en même temps une anesthésie du bras gauche, dont la force dynamométrique descend de 15 à 8. C’est là un fait exceptionnel, assez rare, que je n’ai pas retrouvé chez d’autres malades.

Au contraire, la paralysie par suggestion du bras gauche amène une augmentation de force volontaire du bras droit (15 au lieu de 8 à 10), ce qui est conforme à la règle.

  1. Notons en passant que dans la paralysie hystérique les mouvements inconscients, par exemple ceux d’expression, peuvent être conservés et même exagérés dans le membre paralysé.
  2. Arch. de neurologie, 1882.
  3. Neurologisches Centralblatt, 1883.