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A. BINET.sur les mouvements volontaires

oscille autour de 0,709 ; la première contraction, au contraire, présente un temps de réaction qui est à peu près égal à celui de la main sensible ; il oscille autour de 0,23.

Ajoutons que le sujet n’a eu la volonté que de faire une seule pression et qu’il n’a conscience que d’une pression.

Nous sommes portés à croire que cette contraction supplémentaire est une contraction automatique ; nous reviendrons bientôt sur ce point, quand nous ferons l’étude des mouvements automatiques dans l’hystérie. Remarquons en passant que les deux figures précédentes montrent la différence qui existe entre les deux mains sensible et anesthésique au point de vue de la ligne d’ascension.

Les différences que nous venons de relever entre les mouvements volontaires des côtés sensible et anesthésique nous montrent qu’en somme le côté sensible obéit beaucoup mieux que l’autre aux ordres de la volonté du sujet, car il exécute ces ordres à la fois avec plus d’énergie et plus de rapidité. Ce fait peut servir à expliquer une observation que nous avons répétée sur beaucoup d’hystériques ; les sujets se servent habituellement de préférence de leur main sensible que de leur main anesthésique, par exemple pour saisir un objet, tourner le bouton d’une porte, etc., alors même que cette main sensible est la main gauche. Si on prie le sujet de fermer les yeux et de vous tendre la main, c’est presque toujours la main sensible dont il se sert. Duchenne (de Boulogne) en avait déjà fait l’observation chez un de ses malades[1].

IV

Durée de l’état de contraction. — Effort et fatigue.

Les différences que nous avons signalées jusqu’ici entre la forme de la contraction volontaire du côté sensible et du côté anesthésique n’ont peut-être pas l’importance de celles qu’il nous reste à étudier dans ce paragraphe. Nous allons nous occuper de la durée de l’état de contraction, ou de la tension musculaire. Nous allons rechercher pendant combien de temps le sujet peut rester en état de contraction, du côté sensible et du côté anesthésique.

Nous avons déjà dit que l’étude des mouvements volontaires est beaucoup plus une analyse de la volonté qu’une analyse du phénomène moteur. Nous en avons ici une nouvelle preuve.

  1. J’ai observé en outre que certains sujets ne peuvent pas ouvrir et fermer l’œil anesthésique sans en faire autant pour l’œil sain, tandis qu’ils peuvent ouvrir et fermer l’œil sain isolément