Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXVIII, 1889.djvu/554

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
544
revue philosophique

Living 722 cas de ce genre. Ils ont cru pouvoir conclure à une action réelle des esprits les uns sur les autres, à une action à distance, mais on peut se demander si ces hallucinations « véridiques » ne sont pas de pures coïncidences. La réponse dépend en grande partie évidemment de la fréquence des hallucinations chez les sujets sains ; on voit que, pour arriver à un résultat, il faut avoir un grand nombre d’observations à sa disposition, plusieurs milliers, une cinquantaine de mille peut-être. MM. Gilbert Ballet et J. Janet ont appuyé les observations de M. Pierre Janet. La section a jugé cependant qu’il convenait de continuer l’enquête sous la forme et dans l’esprit où elle avait été commencée en Angleterre, en France et aux États-Unis ; on tiendrait compte toutefois des remarques de M. Janet ; on adresserait plus spécialement les questionnaires aux personnes à qui leurs études ont donné une compétence spéciale, et l’on n’exclurait que les hallucinations des aliénés, tout en demandant à ceux qui se seraient chargés de recueillir les réponses d’indiquer très précisément l’état de santé des sujets qu’ils auraient observés. Le Congrès a adopté les propositions de la section ; il a été institué une commission internationale, chargée de comparer les résultats des enquêtes faites dans les divers pays et de préparer un rapport pour le prochain congrès. Cette commission se compose de MM. Sidgwick, Grote, W. James, von Schrenck-Notzing et Marillier.

La section de l’hypnotisme avait pour principal article de son programme la discussion d’un essai de terminologie, dû à MM. Ch. Richet et Brissaud[1]. La liste des termes à définir était fort longue ; on y relevait des mots comme automatisme, conscience, extase, imitation, inconscience, mémoire, personnalité, sommeil, somnambulisme, etc. La section dans sa première séance, présidée par M. Espinas, a restreint elle-même sa tâche, et les seuls termes sur lesquels la discussion se soit ouverte sont ceux d’hypnotisme, de magnétisme, de somnambulisme et de suggestion. Une commission de quatre membres, MM. Delbœuf, Liégeois, Ochorowicz et Ch. Richet ont été chargés de définir exactement le sens des mots hypnotisme et magnétisme ; elle a réservé le nom d’hypnotisme à tous les phénomènes produits par suggestion, celui de magnétisme à ceux qui dériveraient de l’action directe de l’opération, en dehors de toute suggestion. La section a soumis les conclusions au Congrès, qui les a adoptées. Dans les séances suivantes, la section a discuté la question de la sensibilité hypnotique, celle des différences entre le sommeil normal et le sommeil hypnotique. Trois théories se trouvent en présence : l’une c’est que tout le monde est hypnotisable, ce n’est qu’une affaire de patience et de temps (théorie de l’école de Nancy, soutenue par M. Bernheim) ; l’autre, défendue par M. Pierre Janet, soutient que seuls les sujets atteints d’une maladie du système nerveux, en particulier les hystériques et les sujets fatigués

  1. Rev. scient., 3 août 1889. Essai d’une terminologie dans les questions d’hypnotisme.