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Mais quelques expériences nouvelles mettront encore mieux en évidence le rapport qui existe entre l’énergie des mouvements et leur rapidité.

L’énergie des mouvements de la main n’a été jusqu’à présent que très incomplètement étudiée faute d’instrument convenable d’exploration. Le dynamomètre de Regnier, dont les autres ne sont que des modifications plus ou moins heureuses, ne peut servir à mesurer que les mouvements de flexion exécutés simultanément par tous les muscles fléchisseurs des doigts. On ne s’est guère préoccupé de mesurer séparément la force de chaque doigt qui peut cependant être appréciée avec cet instrument. D’ailleurs, l’étude de l’énergie des mouvements isolés des autres segments des membres est tout aussi peu avancée. Les dynamomètres construits pour l’étude des mouvements de l’avant-bras, du bras, de la jambe, de la cuisse, comme le dynamomètre universel d’Onimus par exemple, ont surtout pour but l’exploration des mouvements de flexion. Aussi les notions que nous possédons sur l’énergie comparative des divers mouvements d’un même segment de membre sont-elles très superficielles. On sait en général que les mouvements de flexion sont en général plus énergiques que les mouvements d’extension, mais on ne sait pas au juste dans quelle mesure.

Il m’a semblé que des connaissances plus précises sur ce point pourraient être utiles, non seulement au point de vue de la physiologie et de la pathologie, mais encore au point de vue de la psychologie.

J’ai fait construire par M. Aubry un dynamomètre qui permet d’explorer les mouvements d’extension ou de flexion de la plupart des segments des extrémités : il fournit en particulier la mesure de 50 mouvements différents dans la main. J’appellerai particulièrement l’attention sur l’intérêt de ces mouvements de la main[1] ; les faits qui me paraissent surtout dignes d’être relevés sont les suivants : la prédominance de l’énergie des mouvements de flexion sur celle des mouvements d’extension est beaucoup plus considérable qu’on ne pouvait le prévoir ; la première était à la seconde comme 3 ou 10 sont à 1. L’énergie des mouvements des doigts considérés isolément est très différente suivant les individus : c’est ainsi que chez les individus adonnés aux travaux intellectuels les mouvements du pouce présentent une force remarquable. Les exercices professionnels influent sur l’énergie des autres doigts : c’est ainsi que l’habitude de jouer du piano peut modifier considérable-

  1. La distribution de la force musculaire, etc. (C. R., Soc. de biologie, 1889, p. 399.)