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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE



Nous ne parlerons pas des élections françaises puisque chacun en parle. Aussi bien serait-il difficile d’en apprécier sainement les conséquences. Et puis, nous ne croyons guère qu’il y ait beaucoup à attendre des nouveaux élus quels qu’ils soient — en bien, s’entend ; car on peut toujours faire du mal mais on ne peut pas toujours faire du bien. C’est le cas des parlements actuels. La crise que traverse la France n’est pas dénouable par des lois. Nous l’avons déjà dit et nous y reviendrons fréquemment. Cette crise est affaire d’éducation. Toute une pédagogie fait faillite en ce moment et cette pédagogie a bien été codifiée en des formules législatives, mais c’est l’opinion, c’est la philosophie courante, ce sont les mœurs qui l’ont établie, qui en ont fixé les principes et arrêté les doctrines. Aux mœurs, à l’opinion de remonter les courants, de bâtir à nouveau de solides assises… Nous cherchons à grouper autour de nous ceux — plus nombreux qu’on ne pense — auxquels apparaît clairement cette nécessité d’une pédagogie rénovatrice à instaurer sur les ruines de l’ancienne dont la défaite s’accentue chaque jour.

La Douma.

Des élections russes, à défaut des françaises, il faut bien parler. Elles ne se font pas de la même manière. Tout d’abord, la répartition des sièges est inégale. Saint-Pétersbourg a droit à six députés, Moscou à quatre, Kieff à deux, et les seize autres villes principales de l’empire chacune à un député. Les élus des villes sont ainsi en grande minorité par rapport à ceux des campagnes. Ensuite l’élection est à trois degrés. Paysans, petits propriétaires, ouvriers choisissent des délégués auxquels s’adjoignent des censitaires d’un rang plus élevé ; et le collège ainsi formé désigne les électeurs par lesquels sont élus les députés. C’est compliqué. Comme d’autre part le gouvernement s’est servi de cette compli-