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LA CRISE DE LA CONSTRUCTION AUTOMOBILE 907

sur une métallurgie naturellement impossible, une main-d’œuvre inhabile et manquant de tradition, une clientèle réduite à sa plus simple expression et un marché de l’exportation accaparé par la France, dont les modèles étaient plus avantageusement connus et meilleur marché.

Cet échafaudage en château de cartes s’écroula piteusement cet été et malheureusement sa chute vint désagréablement tinter aux rei lies de nos banquiers et de nos capitalistes, au moment où chez nous survenait la crise de la grosse voiture. L’échéance de septembre était proche, c’est l’une des plus fortes de l’année et l’on crut que beaucoup de maisons ne pourraient doubler ce cap fatal. Mais des interventions se produisirent, les billets furent prorogés de façon à permettre à beaucoup à faire digne figure à la Décennale, cette manifestation définitive de notre supériorité dans cette branche de l’activité nationale. C’est là que va se livrer la grande bataille et comme dans tout combat il faut s’attendre à des victimes. On parle déjà d’une entente de grands fabricants en vue de faire une forte baisse sur les châssis, baisse que tout le monde ne pourra supporter. Mais c’est peut-être là une mesure de sauvegarde pour les autres. D’autre part on veut lancer à un prix réduit et raisonnable la pe tite et moyenne voiture. Tant mieux, nous applaudirons à ce retour à une plus sage compréhension des besoins de la clientèle. Enfin, on nous dit merveille des modèles de taxis-autos, de camions et voitures industrielles qui seront présentés, Il y a donc un peu d’exagération dans tous les bruits colportés sur l’intensité de la crise actuelle et m’est avis qu’on donne comme malades des maisons qui travaillent ferme et se portent très bien. Envisageons cette exposition décennale comme la manifestation d’un revirement destiné à conduire la construction automobile dans sa voie véritable, où elle recueillera encore de grands succès pour le bien général du pays et l’industrie métallurgique en parti culier.

En attendant, la crise s’apaisera, quelques maisons trop peu solides disparaîtront, et le calme renaîtra, la confiance reviendra, et cette fois, servis par les leçons de l’expérience nous serons assurés de conserver la première place accordée depuis longtemps au bon goût français et au fini irréprochable de notre mécanique automobile.