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BRAMANTE

Bramante a été le chef et qui succède à cette période de la première Renaissance qu’avaient illustrée les Brunelleschi, les Michelozzo et les Alberti.

Quelle est la nature de cet esprit nouveau ? Quelles modifications apporte-t-il dans l’architecture ? C’est ce qu’il importe tout d’abord de dire en quelques mots.

Le caractère fondamental de la Renaissance, c’est d’être en opposition avec l’esprit chrétien. L’histoire de l’art tout entier nous montre qu’à toute recrudescence de l’influence antique a correspondu un affaiblissement du sentiment chrétien. C’est là un phénomène, inconscient sans doute, mais d’une réalité indiscutable, et il s’explique très simplement par cette antinomie qui résulte de ce que le christianisme a le culte de l’âme et l’antiquité le culte de la beauté des formes.

C’est au début du xve siècle qu’apparaît l’influence antique, et dès ce moment l’esprit religieux commence à s’affaiblir : les artistes n’ont plus la foi des architectes qui avaient construit les grandes cathédrales, ni celle des sculpteurs et des peintres qui les décoraient. Le sentiment chrétien, au cours du siècle, voit de plus en plus diminuer sa suprématie : s’il est encore au premier rang dans l’œuvre d’un fra Angelico ou d’un Luca della Robbia, il est déjà très secondaire chez un Pollaiuolo ou un Signorelli. Au xvie siècle, quand la Renaissance aura définitivement triomphé, nous trouverons des artistes dont l’œuvre est exclusivement profane, tels que les Ammanati et les Cellini.

Il ne faut pas cependant exagérer et conclure que la