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BRAMANTE.

si Bramante fut le Brunelleschi du xvie siècle, Raphaël en fut le Michelozzo. Il aime employer la polychromie, les marbres, les stucs, la peinture, tandis que Bramante, plus purement constructeur, préfère s’en tenir à la pierre et à la maçonnerie.

L’œuvre la plus caractéristique de Raphaël est la chapelle Chigi, à Sainte-Marie du Peuple (Pl. 6). Là, dans un cadre restreint, où la finesse des détails garde tout son prix et ne se perd pas dans les lignes d’un trop vaste ensemble, il a su réunir tout ce qui peut charmer les yeux : l’élégance des formes architecturales et de l’ornementation sculptée, le charme discret des peintures, l’éclat des mosaïques, le relief des statues, la richesse des marbres de couleur et des porphyres, qui font ressortir la blancheur des marbres blancs de Carrare dans lesquels sont ciselés avec le goût le plus pur les pilastres, les corniches et les chapiteaux. La chapelle est couverte par une coupole portée par de larges pendentifs trapézoïdaux qui rappellent ceux de Saint-Pierre et la voûte, assez basse, est elle-même sans doute un souvenir de la coupole projetée par Bramante pour cette église.

Le même goût du décor et des aspects colorés se retrouve dans deux autres œuvres de Raphaël, dans les Loges du Vatican et à la villa Madame. Ce sont deux immortels chefs-d’œuvre de l’art décoratif. C’est là que Raphaël a porté à son plus haut degré de perfection cette fine ornementation formée de légères peintures et de stucs à faibles reliefs qui avait déjà été esquissée par quelques artistes du xve siècle, notamment par Pinturicchio. L’origine de ce