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des injures, sans réussir à surmonter leur inertie. La lenteur des actes est telle qu’il faut des heures pour conduire à leur fin les occupations les plus simples de la vie : beaucoup laissent tout inachevé. Si faibles que soient leurs efforts physiques et moraux, ils s’imaginent qu’ils sont « énormes » ; ils se plaignent d’une fatigue et d’un « épuisement horrible ».

Une femme de quarante-six ans qui dit « qu’un manteau de fatigue tombe sur elle », ne peut suivre une idée ; son attention ne se fixe plus ; il lui faut un grand effort pour faire une addition et « tout papillote devant elle ».

Beaucoup ont pour idéal de rester immobiles pendant des heures, assis dans un coin ou dans leur lit sans rien faire, sans occupations, isolés, refusant tous les visiteurs.

Notons aussi l’aversion pour toute nouveauté. « Tout ce qui est nouveau me fait peur », disait à Pierre Janet l’une de ses malades, sans se rendre compte qu’elle donnait la définition du misonéisme[1].

  1. Pour plus de détails, voir Pierre Janet, Les Obsessions et la psychasthénie, t. I, p. 335 et suiv. (F. Alcan.)