Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/152

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Pour terminer, rappelons des faits si connus qu’il est inutile d’insister : l’hostilité des savants envers les doctrines ou théories qui contredisent celles de leur jeunesse ; la répugnance à une esthétique nouvelle en poésie ou en musique, en architecture ou en peinture. La majorité est incapable d’un effort d’adaptation d’autant plus pénible qu’il faudrait pour eux devenir autres.

Il est curieux de noter que la tendance au moindre effort n’est pas étrangère aux religions. Généralement, entre deux cultes étrangers l’un à l’autre, le heurt est brusque, violent pour les fanatiques. Si on est enclin à la tolérance, on se livre à l’analogie. Quoique leur religion fût essentiellement nationale, la Grèce et surtout les Romains ont excellé dans ce genre, en identifiant leurs dieux avec ceux des autres nations : de l’Orient, de la Gaule, de la Germanie. Par un procédé simpliste, Zeus est identifié avec tous les Dieux qui lancent la foudre, Aphrodite Vénus avec toutes les déesses de la beauté ou de l’amour et ainsi dans tous les cas où une assimilation grossière est possible.

Je n’ai pas la prétention de montrer sous tous ses aspects la fuite de l’effort dans la vie