Page:Ribot - La vie inconsciente et les mouvements, 1914.djvu/99

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Dans le cas de Binet, je ne découvre qu’une perception auditive, une absence de pensée, ce qui est très différent d’une pensée sans images.

On a cité les « attitudes » comme des cas de pensée sans images. Ach, dans son livre sur La Volition et la Pensée (1905), a compris sous ce titre un état général qu’il nomme la mise en garde : la surprise, l’hésitation, le doute, etc. Cette opinion ne me paraît guère acceptable.

Dans un travail antérieur, j’ai étudié assez longuement la nature des attitudes en vue d’établir qu’elles sont des manifestations non de la vie intellectuelle, non de la vie affective, mais de l’activité motrice. La mise en garde est une attention, une attente dirigée vers des événements ; l’hésitation est une fluctuation de mouvements, le doute une inhibition, la surprise une sorte de paralysie. Des éléments moteurs sont l’armature de ces états et de leurs analogues. Sans insister, il convient d’observer que chaque attitude a sa marque spécifique comme le prouvent les exemples ci-dessus. Mais prise en elle-même, elle n’est qu’une forme, une adaptation, non une pensée, un acte cognitif. Pour être autre chose qu’une pure abstraction, pour être