Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/127

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« Leur caractère change comme les vues d’un kaléidoscope, ce qui a pu faire dire avec raison par Sydenham que ce qu’il y a de plus constant chez elles c’est leur inconstance. Hier, elles étaient enjouées, aimables et gracieuses ; aujourd’hui, elles sont de mauvaise humeur, susceptibles et irascibles, se fâchant de tout et de rien, maussades et boudeuses par caprice, mécontentes de leur sort ; rien ne les intéresse, elles s’ennuient de tout. Elles éprouvent une antipathie très grande contre une personne qu’hier elles aimaient et estimaient, ou au contraire témoignent une sympathie incompréhensible pour telle autre : aussi poursuivent-elles de leur haine certaines personnes avec autant d’acharnement qu’elles avaient autrefois mis de persistance à les entourer d’affection…

« Parfois leur sensibilité est exaltée par les motifs les plus futiles, alors qu’elle est à peine touchée par les plus grandes émotions : elles restent presque indifférentes, impassibles même à l’annonce d’un vrai malheur, et elles versent d’abondantes larmes, s’abandonnent au désespoir le plus profond pour une simple parole mal interprétée et transforment en offense la plus légère plaisanterie. Cette sorte d’ataxie morale s’observe encore pour leurs intérêts les plus chers : celle-ci a l’indifférence la plus com-