Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/129

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ou ces brusques emportements pendant lesquels, agissant comme des enfants gâtés, elles trépignent du pied, brisent les meubles, éprouvent un besoin irrésistible de frapper…

« Les hystériques s’agitent, et les passions les mènent. Toutes les diverses modalités de leur caractère, de leur état mental, peuvent presque se résumer dans ces mots : elles ne savent pas, elles ne peuvent pas, elles ne veulent pas vouloir. C’est bien, en effet, parce que leur volonté est toujours chancelante et défaillante, c’est parce qu’elle est sans cesse dans un état d’équilibre instable, c’est parce qu’elle tourne au moindre vent comme la girouette sur nos toits, c’est pour toutes ces raisons que les hystériques ont cette mobilité, cette inconstance et cette mutabilité dans leurs désirs, dans leurs idées et leurs affections[1]. »

Ce portrait si complet nous permet d’abréger les commentaires. Il a mis sous les yeux du lecteur cet état d’incoordination, de rupture d’équilibre, d’anarchie, d’« ataxie morale » ; mais il nous reste à justifier notre assertion du début : qu’il y a ici une impuissance constitutionnelle de la volonté ; qu’elle ne peut naître, parce que ses conditions d’existence manquent. Pour des raisons de clarté, j’anticiperai sur ce

  1. Axenfeld et Huchard, Traité des névroses, 2e éd., 1883, p. 958-971.