Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/132

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stable, consentie, est la base même de toutes les volontés énergiques. On la trouve chez les grands ambitieux, chez le martyr inébranlable dans sa foi, chez le Peau-Rouge narguant ses ennemis au milieu des tourments. Il faut donc chercher plus profondément la cause de cette instabilité chez l’hystérique, et cette cause ne peut être qu’un état de l’individualité, c’est-à-dire, en fin de compte, de l’organisation. Nous appelons une volonté ferme celle dont le but, quelle qu’en soit la nature, est fixe. Que les circonstances changent, les moyens changent ; il se fait des adaptations successives au nouveau milieu ; mais le centre vers lequel tout converge ne change pas. Sa stabilité traduit la permanence du caractère dans l’individu. Si le même but reste choisi, agréé, c’est qu’au fond l’individu reste le même. Supposons au contraire un organisme à fonctions instables, dont l’unité — qui n’est qu’un consensus — est sans cesse défaite et refaite sur un nouveau plan, suivant la variation brusque des fonctions qui la composent ; il est clair qu’en pareil cas le choix peut à peine naître, ne peut durer, et qu’il n’y a plus que des velléités et des caprices. C’est ce qui advient chez l’hystérique. L’instabilité est un fait. Sa cause très probable est dans les troubles fonctionnels. L’anesthésie des sens spéciaux ou de la sensibilité générale, les