Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/16

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

dance à se traduire en actes est immédiate et irrésistible, comme celle des réflexes. À l’état naturel et tant qu’il est encore pur de tout alliage, le désir tend à se satisfaire immédiatement ; c’est là sa loi, elle est inscrite dans l’organisme. Les petits enfants, les sauvages en fournissent d’excellents exemples. Chez l’adulte, le désir n’est plus à l’état naturel ; l’éducation, l’habitude, la réflexion le mutilent ou le refrènent. Mais souvent il reprend ses droits, et l’histoire nous montre que, chez les despotes que leur opinion et celle des autres placent au-dessus de toute loi, il les garde toujours.

La pathologie nous fera voir que cette forme d’activité augmente quand la volonté faiblit, persiste quand elle disparaît. Elle marque cependant un progrès sur la première période, parce qu’elle dénote un commencement d’individualité. Sur le fond commun de l’activité spécifique, les désirs dessinent vaguement le caractère individuel ; ils reflètent la façon de réagir d’un organisme particulier.

Dès qu’une somme suffisante d’expériences a permis à l’intelligence de naître, il se produit une nouvelle forme d’activité, pour laquelle l’épithète d’idéo-motrice est la plus convenable, les idées étant causes de mouvements. Elle a de plus l’avantage de montrer sa parenté avec les réflexes, dont elle n’est qu’un perfectionnement.