Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/183

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II. En examinant la question par son côté psychologique, la coordination volontaire revêt tant de formes et est susceptible de tant de degrés, qu’il faut se borner à en noter les principales étapes. Il serait naturel de commencer par le plus bas ; mais je crois utile, pour des raisons de clarté, de suivre l’ordre inverse.

La coordination la plus parfaite est celle des plus hautes volontés, des grands actifs, quel que soit l’ordre de leur activité : César, ou Michel-Ange, ou saint Vincent de Paul. Elle se résume en quelques mots : unité, stabilité, puissance. L’unité extérieure de leur vie est dans l’unité de leur but, toujours poursuivi, créant au gré des circonstances des coordinations et adaptations nouvelles. Mais cette unité extérieure n’est elle-même que l’expression d’une unité intérieure, celle de leur caractère. C’est parce qu’ils restent les mêmes que leur but reste le même. Leur fond est une passion puissante, inextinguible, qui met les idées à son service. Cette passion, c’est eux, c’est l’expression psychique de leur constitution telle que la nature l’a faite. Aussi comme tout ce qui sort de cette coordination reste dans l’ombre, inefficace, stérile, oublié, semblable à une végétation parasite ! Ils offrent le type d’une vie toujours d’accord avec elle-même, parce que chez eux tout conspire, converge et consent. Même dans la vie ordinaire, ces caractères se