Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/27

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besoin d’être expliqué, ceux où l’incitation volontaire cesse d’elle-même : quand nous jetons de côté, par exemple, un livre décidément ennuyeux.

D’autres cas paraissent s’expliquer, par l’une des hypothèses précitées. Nous arrêtons volontairement le rire, le bâillement, la toux, certains mouvements passionnés, en mettant en action, à ce qu’il semble, les muscles antagonistes.

Pour les cas où l’on ignore comment l’arrêt se produit, où le mécanisme physiologique reste inconnu, la psychologie pure nous apprend encore quelque chose. Prenons l’exemple le plus banal : un accès de colère arrêté par la volonté. Pour ne pas nous exagérer le pouvoir volontaire, remarquons d’abord que cet arrêt est loin d’être la règle. Certains individus en paraissent tout à fait incapables. Les autres le sont très inégalement ; leur puissance d’arrêt varie au gré du moment et des circonstances. Bien peu sont toujours maîtres d’eux-mêmes.

Il faut, pour que l’arrêt se produise, une première condition : le temps. Si l’incitation est si violente qu’elle passe aussitôt à l’acte, tout est fini ; quelque sottise qui s’ensuive, il est trop tard. Si la condition de temps est remplie, si l’état de conscience suscite des états antagonistes, s’ils sont suffisamment stables, l’arrêt a