Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/46

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par richesse d’idées. La comparaison des motifs, les raisonnements, le calcul des conséquences, constituent un état cérébral extrêmement complexe où les tendances à l’acte s’entravent. Mais cette richesse d’idées n’est pas à elle seule une cause suffisante de l’irrésolution ; elle n’est qu’une cause adjuvante. La vraie cause, ici comme partout, est dans le caractère.

Chez les irrésolus, pauvres d’idées, cela se voit mieux. S’ils agissent, c’est toujours dans le sens de la moindre action ou de la plus faible résistance. La délibération aboutit difficilement à un choix, le choix plus difficilement à un acte.

La volition, au contraire, est un état définitif : elle clôt le débat. Par elle, un nouvel état de conscience — le motif choisi — entre dans le moi à titre de partie intégrante, à l’exclusion des autres états. Le moi est ainsi constitué d’une manière fixe. Chez les natures changeantes, ce définitif est toujours provisoire, c’est-à-dire que le moi voulant est un composé si instable que le plus insignifiant état de conscience, en surgissant, le modifie, le fait autre. Le composé formé à chaque instant n’a aucune force de résistance à l’instant qui suit.

Dans cette somme d’états conscients et inconscients qui, à chaque instant, représentent les causes de la volition, la part du caractère individuel est un minimum, la part des cir-