Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/51

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tine, avec une angoisse d’autant plus vive qu’il se rappelait le temps où il leur consacrait des heures délicieuses. Un ouvrage inachevé, auquel il avait donné le meilleur de son intelligence, ne lui paraissait plus qu’un tombeau d’espérances éteintes, d’efforts frustrés, de matériaux inutiles, de fondations jetées pour un édifice qui ne se construirait jamais. Dans « cet état de débilité volitionnelle, mais non intellectuelle, » il s’appliqua à l’économie politique, étude à laquelle il avait été autrefois éminemment propre. Après avoir découvert beaucoup d’erreurs dans les doctrines courantes, il trouva dans le traité de Ricardo une satisfaction pour sa soif intellectuelle, et un plaisir, une activité qu’il ne connaissait plus depuis longtemps. Pensant que des vérités importantes avaient cependant échappé à l’œil scrutateur de Ricardo, il conçut le projet d’une Introduction à tout système futur d’économie politique. Des arrangements furent faits pour imprimer et publier l’ouvrage, et il fut annoncé à deux fois. Mais il avait à écrire une préface et une dédicace à Ricardo, et il se trouva complètement incapable de le faire ; aussi les arrangements furent contremandés, et l’ouvrage resta sur sa table.

« Cet état de torpeur intellectuelle, je l’ai éprouvé plus ou moins durant les quatre années que j’ai passées sous l’influence des enchante-