Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/68

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places (Platzangst), agoraphobie, une anxiété bizarre qui paralyse la volonté et contre laquelle l’individu est impuissant à réagir ou n’y parvient que par des moyens détournés.

Une observation de Westphal peut servir de type. Un voyageur robuste, parfaitement sain d’esprit et ne présentant aucun trouble de la motilité, se trouve saisi d’un sentiment d’angoisse à la vue d’une place ou d’un espace quelque peu étendu. S’il doit traverser une des grandes places de Berlin, il a le sentiment que cette distance est de plusieurs milles et que jamais il ne pourra atteindre l’autre côté. Cette angoisse diminue ou disparaît s’il tourne la place en suivant les maisons, s’il est accompagné, ou même simplement s’il s’appuie sur une canne.

Carpenter rapporte d’après Bennett[1] une « paralysie de la volonté » qui me paraît du même ordre. « Lorsque un certain homme se promenait dans la rue et qu’il arrivait à quelque point d’interruption dans la rangée des maisons, il ne pouvait plus avancer ; sa volonté devenait soudainement inactive. La rencontre d’une place l’arrêtait infailliblement. Traverser une rue était aussi chose fort difficile, et, lorsqu’il passait le seuil d’une porte pour entrer ou sortir, il était toujours arrêté pendant quelques minutes. »

  1. Loc. cit., p. 385.