Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/76

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que le sentiment de l’énergie musculaire déployée dans un acte quelconque est « une sensation afférente complexe, qui vient des muscles contractés, des ligaments tendus, des articulations comprimées, de la poitrine fixée, de la glotte fermée, du sourcil froncé, des mâchoires serrées, etc. » Il a discuté pied à pied, en s’appuyant sur l’expérience, l’opinion qui en fait une sensation efférente, liée à la décharge motrice, coïncidant avec le courant de sortie de l’énergie nerveuse. Il a montré notamment, après Ferrier et d’autres, comment dans les cas de paralysie, si l’on conserve le sentiment de l’effort, bien qu’on ne puisse à aucun degré remuer le membre paralysé, c’est parce que les conditions de la conscience de l’effort continuent d’exister, le malade remuant le membre ou l’organe du côté opposé.

Mais M. James distingue avec raison l’effort musculaire de l’effort volitionnel, qui, lui, n’implique dans beaucoup de cas aucun mouvement immédiat ou rien qu’une énergie musculaire extrêmement faible. Tel est, pour lui emprunter un de ses exemples, le cas de l’homme qui, après une longue hésitation, prend le parti de mettre de l’arsenic dans le verre de sa femme pour l’empoisonner. Tout le monde connaît d’ailleurs par sa propre expérience cet état de lutte où l’effort est tout intérieur. — Ici, nous