Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/78

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quelquefois par artifice. Les unes représentent une puissance enregistrée dans l’organisme, les autres une acquisition de fraîche date.

Comment donc celles-ci peuvent-elles triompher parfois ? C’est que le « je veux » est un appoint en leur faveur. Non, bien entendu, à titre de simple état de conscience, mais parce que sous cette volition, qui est un effet, il y a des causes connues, demi-connues et inconnues, que nous avons si souvent résumées d’un mot : le caractère individuel. Toutes ces petites causes agissantes, qui résument l’individu physique et psychique, ne sont pas des abstractions. Ce sont des processus physiologiques ou psychophysiologiques : ils supposent un travail dans les centres nerveux, quels qu’ils soient. Est-il téméraire de soutenir que le sentiment de l’effort volitionnel est, lui aussi, un effet de ces processus physiologiques ? On ne peut nous objecter que l’impuissance actuelle d’en déterminer le mécanisme. Ce point est d’autant plus obscur que le mécanisme doit différer suivant qu’il s’agit de produire une impulsion ou un arrêt : aussi le sentiment de l’effort volitionnel n’est pas identique dans les deux cas.

La lutte intérieure est accompagnée d’un sentiment de fatigue souvent intense. Quoiqu’on n’en sache pas bien long sur la nature et les causes de cet état, on admet en général que,