Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/81

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la mise en activité de certains éléments psychophysiologiques. Ce but est-il choisi, affirmé comme devant être, voulu ; si la résolution ne dure pas, c’est que l’individu est incapable d’effort, c’est qu’il n’y a pas dans son organisation, la possibilité du travail répété dont nous avons parlé ; si elle dure, c’est qu’elle est maintenue à force d’effort, par ce travail intérieur qui produit l’arrêt des états contraires. Tout organe se développe par l’exercice ; ici de même, en sorte que la répétition devient plus facile. Mais si un premier élément n’est pas donné par la nature et avec lui une énergie potentielle, rien n’aboutit. Le dogme théologique de la grâce, à titre de don gratuit, nous paraît donc fondé sur une psychologie bien plus exacte que l’opinion contraire[1], et l’on voit combien il est facile de lui faire subir une transformation physiologique.

Pour en revenir aux cas morbides qui nous occupent, il y aurait une impossibilité d’effort, temporaire, accidentelle, mais qui s’étend à l’organisation presque entière.

  1. La doctrine de la grâce se rencontre déjà chez les Hindous, notamment dans la Bhagavad-Gitâ, XI, 53. Voir Barth, Les religions de l’Inde, p. 48 et 136.