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donner à son enseignement philosophique, d’après le nombre des étudiants qui la fréquentent, ou d’après la Faculté qui domine chez elle et qui fait sa réputation. Ainsi les Universités où domine la philologie accordent ordinairement plus d’importance à la philosophie que celles où se réunissent les étudiants en droit. Les professeurs de leur côté ne consentent à se laisser engager dans une Université que s’ils peuvent compter sur un nombre sérieux d’auditeurs.

L’Université qui a l’enseignement philosophique le plus étendu, en Allemagne est incontestablement celle de Leipzig, qui annonçait l’été dernier vingt-deux cours de philosophie, à peu près autant que toutes les facultés françaises réunies. Leipzig possède actuellement quatre professeurs ordinaires et quatre professeurs extraordinaires de philosophie, sans compter les privat-docenten et d’autres professeurs qui, sans être exclusivement philosophes, traitent néanmoins, presque chaque semestre, des sujets philosophiques. Après Leipzig viennent Berlin et Göttingen, qui possèdent la première six et la seconde cinq professeurs (y compris les privat-docenten). Munich en possède seulement quatre. Il ne faut pas oublier d’ailleurs que le nombre des professeurs n’est pas une mesure qui permette d’apprécier avec une exactitude absolue l’importance réelle de l’enseignement philosophique d’une Université. En général, les professeurs extraordinaires, et surtout les « privat-docenten » sont peu connus des étudiants, ont dans les Universités les plus nombreuses un petit nombre d’auditeurs et n’exercent par conséquent aucune influence sérieuse. Le titre même de Professeur ordinaire, si long à conquérir, n’est nullement un gage de succès auprès de la jeunesse. Ordinairement, un ou deux hommes, d’une grande valeur scientifique, connus par leurs travaux, représentent à eux seuls l’enseignement de la philosophie dans une Université et en font toute la force. La masse des étudiants ne veut entendre qu’eux et se réunit toujours autour de leurs chaires, plus attirés par le nom du professeur que par le sujet du cours annoncé. Tels sont Wundt et Drobisch à Leipzig, Zeller et Lazarus à Berlin, Lotze à Göttingen. Kuno Fischer suffit pour donner à la petite université de Heidelberg une véritable importance philosophique.

Le nombre d’heures que chaque professeur doit donner n’est également déterminé par aucun règlement, mais l’usage est de faire au moins quatre leçons par semaine ; ces quatre leçons sont ordinairement consacrées à un seul cours. Le plus grand nombre des professeurs ajoute à ce grand cours, dont le sujet est presque toujours très général, comme nous le verrons plus tard, un cours accessoire sur un sujet particulier. Ce petit cours a lieu deux ou trois fois par