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II. Cours d’histoire de la philosophie. De l’histoire de la philosophie, nous avons peu de choses à dire. Nous avons déjà eu l’occasion de parler de l’enseignement de M. Kuno Fischer, qui est le meilleur enseignement historique d’Allemagne. Les professeurs qui ne font pas de l’Histoire une sorte de spécialité, entrent ordinairement dans beaucoup moins de détails que M. Fischer. Ils réunissent dans un même cours de longues périodes, quelquefois, l’histoire tout entière de la philosophie. Le plus souvent, ils se contentent de l’une des trois périodes suivantes : 1o histoire de la philosophie ancienne ; 2o histoire de la philosophie jusqu’à Kant ; 3o histoire de la philosophie moderne depuis Kant jusqu’à nos jours. Ces cours sont ordinairement assez élémentaires ; ce sont des exposés rapides où le professeur cherche à résumer clairement, et nullement à se livrer à une critique savante. Ordinairement, il n’exprime aucun jugement ou bien il se contente d’indiquer quelle marche il faudrait suivre pour entreprendre une critique de telle ou telle théorie. M. Wundt, par exemple, fait suivre l’exposé de chaque système de quelques simples remarques critiques, où il signale avec une grande sûreté les points faibles de la pensée de chacun des hommes qu’il fait connaître à ses élèves. Mais l’objet capital du cours est toujours le même il s’agit de laisser aux étudiants quelques idées nettes sur des ouvrages que la plupart ne liront jamais. La lecture des textes originaux est d’ailleurs à peine recommandée ; il est pour ainsi dire admis, qu’un bon cours historique peut et doit y suppléer. Il ne s’agit, bien entendu, que des étudiants qui n’ont pas besoin pour leur carrière future de connaissances philosophiques spéciales. Or, il y a des étudiants philosophes, et ceux-là ne se contentent pas des cours de l’Université, ni même des lectures personnelles et du travail du cabinet. Ils s’inscrivent d’abord aux sociétés ou conférences des principaux professeurs ; ils y font des leçons, questionnent leur maître, discutent librement avec lui, reçoivent directement ses conseils. Souvent, dans les grandes Universités, où ils sont nombreux, ils fondent des cercles philosophiques, dont le but est de s’exercer à la parole et à la discussion. On se réunit tous les huit jours, un membre fait une leçon, ses collègues lui font des objections, et nous pouvons témoigner du sérieux et de l’ordre qui règne dans ces séances[1] C’est ainsi qu’à Leipzig, outre le séminaire de M. Wundt,

  1. Ces « Verein » ne doivent pas être confondus avec les « Corps » ; ils ont pour but l’étude en commun. Les corps au contraire sont des associations de jeunes gens aisés où les exercices corporels, l’escrime, la bière, la promenade, jouent un très grand rôle, et le travail un très petit.