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Khonds. Chez eux, « les assemblées de la tribu entière, ou de quelqu’une de ses divisions, se réunissent pour décider les questions d’importance générale. Les membres de chaque société, cependant, ont le droit d’assister à toutes les assemblées, d’y donner leur voix sur les questions posées, quoique les patriarches prennent seuls part à la discussion publique. » – « …Les patriarches fédéraux, pareillement, tiennent conseil avec les chefs des tribus et assemblent quand c’est nécessaire la population entière du groupe fédéral. » Dans la Nouvelle-Zélande, on conduisait les affaires d’accord avec l’opinion publique exprimée dans les assemblées générales ; enfin les chefs « ne pouvaient conclure la paix ou déclarer la guerre, ou rien faire qui touchât aux intérêts du peuple entier, sans obtenir l’assentiment de la majorité du clan. » Ellis nous apprend que, chez les Tahitiens, le roi avait un petit nombre de chefs pour conseillers, mais qu’il ne pouvait entreprendre aucune affaire important à la nation entière sans consulter les propriétaires fonciers du second rang, et que pour cela on tenait des assemblées publiques. De même chez les Malgaches. Le plus grand conseil national de Madagascar est une assemblée du peuple de la capitale et des chefs des provinces, des villes, des villages, etc. » Le roi la préside ordinairement en personne.

Dans ces derniers exemples, il est vrai, nous voyons des changements considérables dans la puissance relative des trois éléments, puisque le petit nombre qui forme le groupe intérieur a acquis de l’autorité aux dépens du grand nombre qui demeure alentour ; mais ces trois groupes existent toujours, et nous les retrouvons encore quand nous passons aux peuples historiques. Movers remarque que, « à l’époque d’Alexandre, les Tyriens décidèrent la guerre sans l’assentiment et en l’absence du roi, le sénat s’étant mis d’accord avec l’assemblée du peuple. » Tout le monde sait que chez les Grecs d’Homère, l’Agora, sous la présidence du roi, était « une assemblée où les chefs se communiquaient et discutaient les affaires en présence du peuple qui se bornait à écouter et à montrer sa sympathie ; » la foule se tenait rangée en cercle autour des chefs. Le peuple ne demeurait pas toujours auditeur passif ; Thersite, bien que maltraité par Ulysse et raillé par la foule, ne laisse pas d’intervenir dans la discussion et de faire sa harangue. Le roi, le sénat et les hommes libres dans la Rome primitive avaient entre eux des rapports qui résultaient manifestement de ceux que soutenaient entre eux les éléments de l’assemblée originelle quoiqu’ils ne s’unissent pas tous les trois dans une coopération simultanée, il arrivait cependant que, dans les occasions importantes, le roi communiquât ses propo-