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ANALYSESdr richer.Études sur l’hystéro-épilepsie.

côté malade, il y a perte de l’odorat, la langue est sans saveur, l’oreille paresseuse ; enfin l’œil est atteint d’achromatopsie. « C’est la notion du violet qui est perdue la première, puis celle du vert, du bleu, du jaune, finalement du rouge. Les couleurs disparaissent en allant des centres à la périphérie. Elles réapparaissent dans l’ordre inverse, en allant de la périphérie au centre[1]. »

La description de la grande attaque d’hystéro-épilepsie et des quatre périodes qui les caractérisent invariablement sont du plus haut intérêt au point de vue de l’automatisme psychique.

La première période, qui a les apparences de l’épilepsie, consiste en une phase de mouvements toniques auxquels succèdent des mouvements cloniques, puis une phase de résolution musculaire.

La deuxième période est caractérisée par les grands mouvements (contorsions de toutes sortes, corps en arc de cercle, cris, expression de lutte ou de rage). Elle nous remet sous les yeux les convulsionnaires de Saint-Médard, les démoniaques et les possédés du moyen âge.

La troisième période, appelée par M. Charcot « des attitudes passionnelles », est la plus intéressante pour le psychologue. « La malade est en proie à des hallucinations qui la ravissent dans un monde imaginaire… L’expression de sa physionomie et ses attitudes reproduisent les sentiments qui l’animent ; elle agit comme si son rêve était une réalité. Par sa mimique et par ses paroles, il est facile de suivre toutes les péripéties du drame qui se déroule devant elle ou auquel elle prend une part active ; son hallucination purement subjective devient en quelque sorte objective par la traduction qu’elle en fait. Quand elle est réveillée, la malade conserve le souvenir de tout ce qui s’est passé, et le récit qu’elle en fait concorde en tout point avec ce qu’on a observé [2]. » On trouvera dans l’ouvrage de M. Richer le détail du drame que chacune de ces malades traverse et qui pour chacune est invariablement le même. « C’est une série de tableaux qui sont d’une précision et d’une régularité surprenantes. » Nous ajouterons pour notre part qu’il n’y a pas de plus belle preuve du déterminisme psychologique.

La quatrième période, pendant laquelle la connaissance revient, est caractérisée par un délire variable, entrecoupé d’hallucinations. Puis la malade retrouve son équilibre normal.

Ajoutons qu’une pression sur l’ovaire du côté malade arrête toutes ces manifestations morbides et peut en empêcher l’apparition si elle est exercée dès le début de la crise.

L’étude sur les phénomènes de catalepsie, d’hypnotisme et de somnambulisme provoqués est d’un grand intérêt ; mais je ne veux pas revenir sur un point qui a été très bien traité ici[3].

M. Richer termine son livre par un appendice historique consacré à

  1. Page 541.
  2. Page 94.
  3. Voir la Revue philosophique, octobre et novembre 1880.