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LES COSMOGONIES ARYENNES




Chapitre I.

Introduction.

§ 1. Rapports de la cosmologie et de la philosophie. — § 2. Identité des problèmes de la cosmologie avec ceux de la mythologie. — §§ 3 et 4. Les renaissances et la naissance du monde. — § 5. Identité des solutions dans la cosmologie et la mythologie.


§ 1. D’où vient le monde ? A-t-il commencé et comment ? J’essaye dans les pages qui suivent de recueillir les diverses réponses qu’ont données à cette question les cosmologies des principaux peuples indo-européens.

La cosmologie comparée offre un intérêt double, étant le trait d’union entre la mythologie comparée et l’histoire de la philosophie. La cosmologie n’est qu’une branche de la mythologie, mais elle fraye la route à la philosophie ; elle prend ses solutions de l’une et lègue ses formules à l’autre. Aussi l’intelligence historique de la philosophie est-elle impossible sans la connaissance des systèmes non-philosophiques dont elle sort mécaniquement : autrement, l’on s’expose à prendre pour des créations indépendantes de la réflexion ce qui n’est que la transformation dernière de formules antérieures qui sont allées revêtant un sens nouveau. Un temps vient où la philosophie retrouve après coup dans le mythe les abstractions qu’elle en a tirées, une sagesse qui parle par symboles[1] ; c’est l’inverse qui est le vrai elle construit ses premiers systèmes autour de vieilles formules incomprises qu’elle croit avoir créées et qui sont nées, non de syllogismes, mais de sensations, non de la réflexion logique, mais de ce groupement d’images qui fait les mythes ; la mythologie n’est pas une philosophie qui se déguise, la philosophie naissante est une mythologie qui s’ignore, une foi qui croit se démontrer. Nulle part ceci n’est visible comme dans les systèmes qui portent sur les ques-

  1. Cf. § 13 bis.