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ANALYSES. — g. sergi.Elementi di psicologia.

trebalancer l’activité cognitive appliquée aux parties du monde qui ne rentrent pas dans le moi. Hâtons-nous de dire que le chapitre sur la conscience proprement dite nous paraît ce qu’il y a dans la littérature philosophique de plus substantiel et de plus instructif sur celle question. M. Sergi ne pense pas que les éléments de la conscience soient conscients eux-mêmes à l’infini il croit que ces éléments sont physiques. Un certain degré d’accumulation et de totalisation, de coordination surtout, est nécessaire pour que la conscience apparaisse. Le rapport de la conscience avec l’organisme ne lui échappe donc point ; il constate que la conscience se concentre ou se disperse comme l’activité vitale elle-même, et c’est par là que s’expliquent suivant lui les cas de double conscience. Le moi n’est pas quelque chose d’absolu et d’indivisible c’est un tout de composition, qui n’est simple que du côté de la conscience, et pour qui le prend tout fait (bello e fatto, comme disent les Italiens), c’est-à-dire indépendamment des conditions historiques qui président à sa formation.

Dans les chapitres suivants de ce même livre III, M. Sergi examine ce que l’on appelle les phénomènes de conservation et de reproduction, l’association des idées, et la mémoire. Le chapitre de l’association des idées ne fait-il pas double emploi avec le chapitre sur la raison ? Si les associations d’idées fondamentales sont celles-là même dont la raison se sert pour constituer la science, pourquoi ne pas exposer en une fois la nature et l’usage de ces relations sous le chef même de l’association des idées ? L’auteur a certainement ses raisons pour ne pas procéder comme l’ont fait les psychologues associationistes ; il a omis de nous les donner. En tout cas, le contenu de son chapitre sur l’association des idées était épuisé d’avance par ce qu’il avait dit des associations logiques dans le livre antérieur ; il pouvait l’abréger d’autant. Pourquoi aussi l’imagination, comme faculté de créer et de comprendre des signes, condition du langage, n’est-elle pas mentionnée ? Les larges explications fournies par M. Sergi sur la reproduction des états intellectuels et des émotions sont, il est vrai, préférables aux anciens catalogues de facultés ; ce qu’il dit de la mémoire, du temps psychologique, du sommeil, de l’hallucination, de la rêverie et du rêve est bien supérieur à ce qu’aucun manuel a donné jusqu’ici sur cet ordre de questions ; mais on aimerait à le trouver sur tous les points en mesure de répondre aux exigences et aux besoins habituels de l’enseignement psychologique. Un curieux chapitre sur la cérébration inconsciente clôt ce livre III ; l’auteur y maintient résolument sa position générale : si, dans une série de phénomènes conscients, un anneau échappe à la conscience, c’est qu’il est un phénomène purement physique. La psychologie étudiera encore, mais à titre d’antécédent immédiat d’un phénomène psychique ; on se rappelle que ces antécédents immédiats figurent dans la définition de la science.

Quand nos anciens manuels de philosophie avaient distingué le sentiment de la sensation, puis les inclinations ou penchants spirituels des