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ANALYSES. — THOMAS FOWLER. Bacon’s Novum organum.

rismes 21 et 52) que l’ouvrage est demeuré incomplet. « Bien que ce soit, dit-il, le plus soigneusement écrit[1] des ouvrages philosophiques de Bacon et la clef de voûte de toute son œuvre, ce n’est néanmoins qu’un fragment. » — À dire vrai, nous n’avons de Bacon que des fragments : pas un de ses écrits philosophiques n’est achevé. Non seulement l’Instauratio magna comme œuvre d’ensemble est inachevée, (puisque des six parties qu’elle devait comprendre[2] les trois dernières sont à peine ébauchées), mais aucune partie n’en a été vraiment menée à terme ; aucun ouvrage ne s’offre à nous entier, tel qu’il était projeté et annoncé. L’entreprise totale semble pourtant avoir été conçue vers 1607, selon un plan assez arrêté ; mais, s’il en est ainsi, jamais plan ne fut exécuté avec moins de suite. La première partie (De augmentis 1623) paraît trois ans après la seconde ; et toutes deux avaient été précédées d’écrits préparatoires, qu’elles résument, complètent et parfois répètent[3]. Et de même qu’à chacune d’elles il avait comme préludé par des ébauches, de même à leur tour elles ressemblent encore par endroits à des ébauches, qu’il eût fallu reprendre pour y mettre la dernière main.

Après ces deux parties, dont l’une (Partitiones scientarum) est un tableau d’ensemble de la science, avec indication de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire dans les diverses sciences, l’autre un exposé de la méthode qui convient à l’interprétation de la nature, devait venir, comme troisième partie et sous ce titre : Phænomena Universi, sive Historia Naturalis et Experimentalis ad condendam philosophiam, une collection de matériaux choisis et mis en ordre pour être soumis à la méthode inductive. « De cette partie, dit très bien M. Fowler, nous n’avons qu’une très faible portion, même par rapport à l’idée fort incomplète que Bacon se faisait de la grandeur et de la variété de la nature. » Historia ventorum, Historia Vitæ et Mortis, Historia Densi et Rari, Sylva sylvarum, et The new Atlantis, tels sont les morceaux que nous en avons. Le premier parut vers novembre 1622, dans un petit volume intitulé Historia naturalis… quæ est Instaurationis Magnæ pars tertia. D’autres en grand nombre : Historia gravis et levis, Hist. Sympathiæ et Antipathiæ rerum, Hist. Sulphuris, Mercurii et Salis, etc., etc., devaient suivre à un mois d’intervalle. « Obstrinximus enim nos ipsos tanquam voto, dit Bacon dans sa dédicace, singulis nos mensibus, ad quos Dei bonitas (cujus agitur

  1. « Rawley prétend qu’il fut écrit et récrit jusqu’à douze fois. »
  2. I. De Dignitate et augmentis scientiarum. — II. Novum organum. — III. Historia naturalis. — IV. (?) Filum Labyrinthi (explication de la nature). — V. Prodomi sive anticipationes Philosophiæ secundæ. — VI. Philosophia secunda, sive scienta activa.
  3. Pour le De augmentis : Valerius Terminus (1604) ; Of the proficience and advancement of Learning (1605) ; Descriptio Globi intellectualis (1612). — Pour le Novum organum : Partis Instaurationis secundæ delineatio et argumentum (1606-7) ; Cogitata et visa (1607) etc.