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les influences connues). En d’autres termes, les déviations de son cours ne sont pas des exceptions à la loi de Newton, des objections contre cette loi, mais de simples perturbations, c’est-à-dire des applications mêmes de la loi en raison d’une cause qui vient compliquer l’action des précédentes.

À la vérité, il est permis de dire que l’invention des moyens termes n’appartient pas au syllogisme ; il est l’œuvre de l’analyse ; mais de l’invention des moyens termes résulte forcément le syllogisme lui-même, qui se trouve fondé par cela seul que le moyen terme est posé.

Enfin on peut encore contredire Stuart Mill, lorsqu’il avance qu’on ne doit pas nécessairement raisonner sur un syllogisme, mais seulement qu’on le peut. S’il entend parler de la forme extérieure, il a raison : s’il entend parler du syllogisme intérieur, nécessairement engagé dans l’acte de l’esprit, il a tort. Car tout raisonnement (autre que l’inductif) qui ne pourra se traduire en syllogisme intérieur, c’est-à-dire qui ne supposera pas une majeure exprimée ou sous-entendue, est faux, comme nous l’avons prouvé de la prétendue inférence du particulier au particulier. On dira donc que tout raisonnement déductif peut sans doute ne pas être mis en forme, mais implique essentiellement un syllogisme intérieur constitué suivant les règles de la logique ; de même que toute mensuration pratique n’implique pas une science expresse de la géométrie, mais est nécessairement conforme à la géométrie, que celui qui l’opère le sache ou qu’il l’ignore.

En conséquence :

1o Il est faux que le syllogisme soit une pétition de principe.

2o Le fameux axiome Dictum de omni et nullo reste le principe fondamental de toute déduction syllogistique.

P. Janet,
de l’institut.