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NOTICES BIBLIOGRAPHIQUES


B. Conta. — Philosophie matérialiste. — I. Introduction à la métaphysique. 196 p. Paris, Germer Baillière ; Bruxelles, Mayolez. 1880.

M. Conta, professeur à l’Université de Jassy, n’est pas un inconnu pour nos lecteurs. Son livre : Théorie du fatalisme a été analysé dans le numéro d’octobre 1877 de la Revue. Le nouveau travail qu’il nous présente aujourd’hui a d’abord, comme le précèdent, paru en roumain dans la revue Convorbiri literare de Jassy. M. Conta se propose de montrer à grands traits « la voie qu’ont suivie les idées métaphysiques depuis Le commencement de l’humanité jusqu’à nos jours, pour prouver que les plus profonds systèmes de métaphysique d’aujourd’hui dérivent, par évolution lente et continuelle, des plus grossières croyances de l’homme primitif. »

La transformation des idées métaphysiques s’est faite insensiblement ; mais, pour l’exposer plus méthodiquement, M. Conta divise l’histoire des idées métaphysiques en plusieurs grandes périodes « plus ou moins artificielles ». Nous avons ainsi successivement les périodes du fétichisme, du polythéisme, du monothéisme, du panthéisme et du matérialisme.

Cela rappelle un peu Auguste Comte et la théorie des trois états. Mais, avec M. Conta, nous n’arrivons pas à l’état positif, et notre auteur ne parait pas avoir dessein de nous y conduire ; sa conclusion est significative à cet égard.

« J’ai énoncé, dit-il, que la sphère de la métaphysique comprend, outre la sphère de la philosophie positive ou des sciences, comparée par moi au globe terrestre, aussi la sphère des créations imaginaires, que j’ai comparée à l’atmosphère de la terre. Par cette dernière sphère, la métaphysique tient du domaine des beaux-arts. En effet, la métaphysique a, de sa nature, une partie entièrement hypothétique, qui est inaccessible aux sciences positives et qui est complètement abandonnée à l’imagination. Le métaphysicien se comporte à l’égard de cette partie hypothétique, peut-être même sans en avoir conscience, exactement comme un artiste, il l’arrange, il la systématise, il la façonne d’après son goût et sa prédilection personnelle, ou, comme on l’a dit dans le langage des artistes, d’après l’idéal qu’il a conçu. »

En conséquence, M. Conta reproche aux positivistes de renier toute métaphysique. « Ils oublient que, si c’est une nécessité de l’esprit