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ANALYSES. — JAMES SULLY. On Illusions.

sique, c’est-à-dire nerveuse ; imparfaite, au sens de l’évolutioniste, en tant qu’elle ne s’accorde pas avec les rapports externes » (p. 333-334). Ailleurs, l’auteur caractérise ainsi l’illusion : « Une vue partielle, en ce double sens qu’elle est incomplète et qu’elle reflète les prédispositions particulières de l’esprit. »

La doctrine évolutioniste donne de l’illusion et de l’erreur en général une explication que M. Sully a exposée avec quelques détails. Partant de ce principe que la connaissance peut être considérée comme un des résultats de l’action réciproque de l’organisme et des agents extérieur s l’un sur l’autre, comme un cas du grand processus d’adaptation, physique et psychique, de l’organisme à son milieu, l’évolutionisme admet que les opinions exactes sont des correspondances entre les rapports internes (psychiques) et les rapports externes (physiques), et que les vues inexactes sont des désaccords. Par suite, il y a une tendance à ce que les processus internes se conforment aux faits externes ; car les individus chez qui cette correspondance existe sont les mieux doués dans le combat pour la vie. De cette manière, la sélection naturelle aurait pour résultat de faire converger de plus en plus vers une moyenne de connaissance vraie ; elle éliminerait au moins la possibilité d’une illusion commune à toute l’espèce et persistante.

Cette vue ingénieuse a été développée par l’auteur beaucoup plus longuement que nous ne pouvons le faire ici (p. 338-344), sans d’ailleurs qu’il l’admette pour démontrée, car il est le premier à en signaler les lacunes.

Th. Ribot.