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ANALYSES. — E. FERRI. Nuovi orizzonti del diritto.

sant tout ce qui s’élève, elle démocratise l’humanité. Mais la nature est mauvaise ménagère ; elle n’atteint le but qu’avec un gaspillage énorme de matière et de force. Chaque homme de génie, de talent, est un capital accumulé de plusieurs générations, dit M. Renan. Or ce capital accumulé, personnifié en un homme, ne rentre plus dans la richesse commune de l’humanité ; il est perdu pour elle, retiré comme il est de la circulation, et son seul reliquat n’est que folie, misère, dégénérescence de la postérité, qui s’éteint et meurt bientôt, — heureusement, — mais non sans avoir porté la dégénérescence et la mort dans les familles alliées.

« Ce phénomène explique le cycle de la vie des nations civilisées… La science, l’art, les idées pour naître et se développer consommen des générations et des peuples. Les nations s’épuisent par la production, comme les terrains non fumés, puisque les produits, comme nous l’avons vu, ne retournent plus au fond commun et sont matériellement perdus pour lui. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre ce phénomène qu’on a appelé dans l’histoire la vieillesse et la décrépitude des nations. Par le fait de la sélection et de la loi fatale d’extinction des races privilégiées, les peuples se civilisent d’abord, montent au faite de la grandeur, puis déclinent rapidement et disparaissent épuisés, surmenés, anéantis, et sont remplacés par des peuples plus jeunes, c’est-à-dire chez lesquels la sélection des talents et des énergies s’établit à peine et qu’elle n’a pas encore épuisés…

« Les lois de la nature sont immuables, et malheur à qui les viole ; chaque privilège que l’homme s’accorde est un pas vers les dégénérescences, les phrénopathies, la mort de sa race. En abaissant qui veut s’élever au-dessus du niveau commun de l’humanité, en châtiant les orgueilleux, en se vengeant de l’excès de leur bonheur, la nature charge les privilégiés eux-mêmes d’être les bourreaux de leur race. Trop de bonheur offense et indigne les dieux, pensaient les anciens ; et l’étude médicale des conséquences de toute distinction, intellectuelle et sociale, de toute sélection, nous a conduits à la même conclusion. »

Th. R.

Enrico Ferri. — I nuovi orizzonti del diritto e della procedura penale. Bologna. Nicola Zanichelli, 1881, 150 p., in-8o.

Une des tendances dominantes de notre époque est de donner, dans l’étude des sciences supérieures, une grande place aux résultats des sciences dont l’objet est moins complexe. La physiologie emprunte beaucoup à la chimie, la psychologie à la physiologie, la sociologie à la psychologie et à la physiologie. Si cette tendance a produit des tentatives plus ou moins malheureuses, soit parce qu’elles ne peuvent aboutir, ou parce qu’elles sont prématurées (on pourrait peut-être ranger