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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS


Philosophische Studien,
Herausgegeben von W. Wundt, Tome 1er, fasc. 
[1].

W. Wundt. Nouvelles remarques sur la mesure psychique. — Dans la séance du 16 mars 1882, à l’Académie des sciences de Berlin, E. Zeller a répondu aux critiques de Wundt dont il a été rendu compte ici, tome XIII, p. 520 et suivantes. On se rappelle que Zeller avait critiqué les méthodes de la psychophysique, Dans sa nouvelle communication, il fait remarquer que sa critique sur la possibilité de mesurer les faits psychiques ne se rapporte qu’à leur mesure directe, qui seule peut être appelée une mesure au sens propre, mais non à ces déterminations qui, appuyées sur des mesures, peuvent être atteintes par le raisonnement et le calcul. — La psychophysique, répond Wundt, peut se contenter même de cette simple concession. Si l’on considère le rôle que la mesure indirecte joue dans les sciences naturelles les plus exactes, telles que la mécanique, la physique, l’astronomie, on peut dire que la psychologie n’a pas à se plaindre de leur être assimilée. En fait, la la mesure indirecte, lorsqu’il n’y a ni vice de raisonnement ni erreur de calcul, est aussi sûre que la méthode directe. Toutefois la concession de Zeller n’avance pas beaucoup et même, à certains égards, implique une contradiction : car toute mesure indirecte doit nécessairement s’appuyer sur des mesures directes ; or Zeller (comme le montre son étude sur la loi de Weber) est d’avis que la mesure ne porte que sur les excitations extérieures des sens, non sur leurs effets psychiques, sur les sensations. « Nous ne pouvons, dit-il, constater une différence d’intensité entre deux sensations qu’au moyen de la conscience, » — Assurément, mais nous constatons avec exactitude si une sensation est égale à une autre, tandis que nous ne pouvons pas, avec la conscience seule, savoir de combien elle est plus forte ou plus faible qu’un autre. Dans le domaine physique, la détermination des grandeurs se ramène de même à une mesure du semblable par le semblable. Nous mesurons, par exemple, un poids en lui faisant équilibre par un autre, une longueur en lui appliquant une même longueur connue. Seulement nous n’avons pas, pour la sensation, un étalon fixe comme le gramme et le centimètre, que nous puissions conserver, et c’est ce qui fait que, dans ce cas spécial, nous sommes restreints à une appréciation

  1. Pour l’analyse des deux autres fascicules, voy. la Revue d’avril et mai 1882, p. 341 et 530.