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effet, quelques lignes plus loin — qu’on a le droit d’identifier sa « Fantaisie » avec le principe divin, considéré, sinon dans son absoluité ou sa transcendance, au moins dans « son apparition et son action au sein de la nature, dans sa révélation par l’histoire ». Il est donc avéré que Dieu, dans son rapport avec le monde ou en tant que principe du monde doit être dénommé « Fantaisie ».

La même avant-propos auquel nous venons d’emprunter ces remarques, manifeste — ç’a été au moins notre impression — quelque mauvaise humeur de l’accueil peu empressé fait aux propositions de l’auteur. Cette Fantaisie, « principe du monde », a étonné beaucoup de personnes et conquis peu d’adhésions ; nous connaissons la fantaisie personnelle, a-t-on dit, mais qu’est-ce qu’une « fantaisie objective » ? — Mais c’est précisément, répond l’auteur, parce que tout le monde sait parfaitement ce que c’est que la faculté psychique ainsi dénommée, parce que chacun reconnaît et constate ses effets, son importance, son action créatrice, qu’on est amené à l’idée d’une « fantaisie objective ». Si la fantaisie joue un rôle aussi grand en l’homme, c’est qu’elle était contenue dans le principe d’où découle le développement du monde et de l’homme. Depuis quand considèrerait-on comme irrégulier en matière philosophique de rechercher dans la cause les caractères de l’effet ? La fantaisie « subjective » appelle, comme elle la légitime, la fantaisie « objective ». Une pareille théorie possède, à côté d’autres, le grand avantage d’être facilement intelligible ; partant d’un fait connu, on avance vite et sûrement. Et M. Frohschammer de railler doucement ceux à qui manque une base aussi aisée à vérifier et saisir : « Quand on part d’une idée générale, cette idée n’est pas quelque chose qui soit donné et connu immédiatement comme la faculté productrice de la Fantaisie, mais déjà un produit artificiel de l’esprit, qui ne saurait être compris immédiatement et qui, à lui seul déjà, provoque la discussion. » On n’est guère plus avancé quand on cherche à expliquer le monde par des atomes, par l’éther, par des monades, toutes choses qui non seulement échappent à une vérification immédiate, mais à toute espèce de vérification. Ainsi à la philosophie des entités hypothétiques, substitution d’un système dont le point de départ est susceptible d’expérimentation dans des conditions accessibles à tous.

L’ouvrage comprend cinq livres :

I. Genèse de la race humaine par le processus de la nature et le facteur fondamental du développement humain. — La « genèse de la race humaine » est le fruit de la fantaisie objective. En revanche, la fantaisie subjective, agissant librement, est la condition fondamentale de la vie intellectuelle, telle que la montre l’histoire de l’humanité.

II. La fantaisie objective et subjective au début et dans le progrès du développement primitif de l’humanité. — Ces deux premiers livres ne sont en réalité qu’une introduction destinée à poser de nouveau, sous une forme abrégée, les principes établis par l’auteur dans son précédent ouvrage.