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REVUE DES PÉRIODIQUES


Vierteljahrsschrift für wissenschaftliche.
Philosophie (1882, 1, 2, 3, 4).

Th. Achelis. Philosophie de Lotze. — Parti des sciences naturelles, Lotze introduit ans la philosophie la conception mécanique de nature.

Les objets extérieurs se réduisent en définitive à deux éléments : mouvement et sensation ; les choses sont pour la conscience ce que la conscience en fait. L’atome ne peut être conçu que comme un centre immatériel de forces : « la matière étendue n’est qu’un système d’êtres inétendus qui, par la contradiction des forces dont ils sont doués, s’assignent dans l’espace leurs places respectives. » On ne peut ramener la matière à l’esprit ; il reste toujours un résidu de matérialité qu’il est impossible de réduire ; la matière et l’esprit sont l’une et l’autre des rayons émanés du cosmos, des modifications de l’absolu qu’il est illégitime de ramener à une unité mystique.

L’être des choses n’est ni l’être pur des idéalistes ni l’être réel d’Herbart ; il consiste dans l’échange d’actions et de réactions qui résultent de la nature propre des choses et de leurs relations entre elles. L’unité de l’être, qui anime tous les degrés du processus de la nature, s’explique par l’unité de l’absolu, qui est le principe du monde, qui n’est ni une réalité transcendante, ni une cause immanente, mais simplement le fondement sur lequel et au-dessus duquel s’élève la réalité. — Lotze n’explique point d’une façon satisfaisante l’origine des êtres émergeant du sein de l’absolu, et strictement il ne dépasse pas la théorie, de l’harmonie préétablie. Sa conception de la substance est opposée à la théorie des idées et à toute hypostase ; il admet toujours des êtres réels à la base des qualités. Ainsi de l’âme, qui est pour lui une réalité distincte, unique dans ses trois facultés, ses trois manifestations essentielles. — Sa philosophie pratique s’appuie tout entière sur le fond de la conscience humaine et son développement graduel.

Lotze ne voulait pas être appelé disciple d’Herbart ; il a plus de rapports avec Leibnitz : « Sa philosophie est un monisme idéaliste reposant sur une base mécanique. »