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DELBŒUF. — la matière brute et la matière vivante

réservoir commun des forces passées à cet état réputé inorganique, mais qui restent encore, elles aussi, des espèces de mécanismes.

Les grands facteurs de cette concentration sont la génération et son corollaire, la mort, venues à la suite de la division du travail et de la spécification des organes. Cette division et cette spécification sont elles-mêmes des conséquences de la vie en commun temporaire du générateur et de l’engendré. Cette vie en commun et l’échange de services qu’elle suppose et comporte, constituent l’embryon des sociétés ultérieures, lesquelles vont se compliquant à mesure que la fissiparité fait place à l’hermaphroditisme, puis enfin à la sexualité.

Les qualités dont les parents sont pénétrés, imprègnent nécessairement les germes. Ceux-ci, pendant et après leur épanouissement, en acquièrent d’autres, conquêtes de l’expérience ou du génie, qui viennent s’ajouter aux anciennes. Ces perfectionnements successifs, plus ou moins lents, plus ou moins rapides, s’accumulant de siècle en siècle, ont fini par produire l’homme civilisé, la plus haute expression actuelle de la vie, de la sensibilité, de la liberté et de l’intelligence sur notre planète.

J. Delbœuf.