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traité d’anatomie générale. Les diverses parties similaires y sont étudiées successivement : après les veines, les os, le cartilage ; puis les ongles, les poils, les cornes, le bec des oiseaux, tous ces organes ne formant qu’un seul groupe ; puis la graisse et le suif, le sang, la moelle, la chair, le lait, la liqueur séminale et enfin les « membranes », ces parties similaires qui éveilleront si fort l’attention de Bichat et dont le nom servira de titre à son premier essai d’Anatomie générale.

Nous ne pouvons reprendre tous ces sujets en détail. Ce serait, d’ailleurs, répéter l’Histoire des animaux. Nous nous arrêterons seulement sur quelques-uns, en nous aidant de l’ensemble de la collection aristotélique.

Système pileux. — Les organes composant pour nous le système pileux, sont déjà regardées par Aristote comme des parties similaires : les piquants du Hérisson, pour lui sont des poils (Gen., V, 35) ; et les plumes des oiseaux correspondent aux poils des vivipares ; mais il range à tort dans la même catégorie les écailles des poissons et les baguettes des oursins (Gen., V, 38).

« La nature des poils est étroitement en rapport avec celle de la peau[1]. Or la nature de la peau est terreuse, parce qu’elle est superficielle et qu’elle laisse constamment l’aqueux s’évaporer[2]. C’est la peau qui produit les poils, les écailles, etc., ce n’est pas la chair située sous la peau. Les poils laissent aussi l’aqueux se dégager et sont, en conséquence, terreux comme la peau, ils le sont même davantage, et par suite plus fermes, plus résistants que la membrane qui leur donne naissance. La peau est-elle rude, les poils le sont également par l’abondance des matériaux terreux et la grosseur des canaux[3]. Est-elle mince, les canaux sont étroits et les poils sont fins[4]. Les cheveux évaporent plus ou moins vite leur humidité (ἰκμάς) : vite si cette humidité est aqueuse et alors les cheveux restent courts (Gen., V, 42) ; lentement si elle est huileuse, attendu que

  1. Aristote croit que l’homme a proportionnellement à sa taille la peau plus mince que tous les animaux.
  2. Il faut se représenter sans doute ici les choses comme elles se passent quand la terre mouillée se dessèche et qu’il se forme à la surface une croûte recouvrant le fond resté humide.
  3. Faut-il entendre par ces canaux un conduit supposé dont le poil serait percé dans toute sa longueur ; ou bien s’agit-il des orifices des bulbes pileux, bien visibles ordinairement sur les peaux mégissées et corroyées ?
  4. Cependant, remarque Aristote, ce ne sont pas toujours les animaux qui ont la peau la plus épaisse, qui ont le plus de poils comme le prouve l’exemple du Porc, du Bœuf (probablement le Buffle) et enfin de l’Éléphant (Gen. V, 41). — Mais Aristote, ou du moins l’auteur aristotélique, se trompe quand il croit la chevelure en rapport avec une épaisseur de la peau plus grande au crâne que sur le reste du corps.