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Mais je ne m’occuperai pas du tout de la théorie à donner. La théorie, l’explication, est actuellement tout à fait impossible. Au demeurant cela importe peu. En présence de faits étranges et imprévus, l’essentiel est de prouver, non d’expliquer. Je laisserai donc toute théorie et toute tentative d’explication, me contentant d’indiquer les faits, et de les déterminer aussi rigoureusement que possible.

IV

Je n’ai pas besoin ici, devant les lecteurs de cette Revue, d’insister sur le principe du calcul des probabilités.

Je rappellerai seulement la définition même de la probabilité[1].

C’est le rapport du nombre des cas favorables à celui de tous les cas possibles.

Ainsi, dans un jeu de cartes complet, la probabilité d’amener un cœur, ou un carreau, ou un pique, ou un trèfle[2], est de soit de  ; car le nombre des cas favorables pour chaque valeur est de 13, et le nombre des cas possibles est de 52.

La probabilité d’amener un as, ou un roi, ou un dix, est de ou de .

La probabilité d’amener telle ou telle carte particulière est de .

Si je dis au hasard la valeur d’une carte tirée au hasard d’un jeu complet, j’aurai donc de chance pour dire juste.

Faisant l’expérience, je trouve, dans quatre séries de 52 tirages, pour chaque série :

  1. Laplace. Essai philosophique sur le calcul des probabilités. 1840, p. 12.
  2. C’est ce que j’appellerai la valeur d’une carte.