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sitisme et le paupérisme féminins. Une femme qui s’y livre, par faiblesse et par paresse, est sur la pente du délit, comme l’homme qui, par oisiveté et lâcheté, s’adonne à l’ivrognerie ou à la mendicité plus ou moins dégradante. Mais ne confondons pas les conditions du délit avec le délit lui-même. Sans la prostitution, en effet, le contingent des femmes dans la statistique criminelle serait bien moindre, comme celui des hommes sans l’ivrognerie, le jeu et la débauche. Ce serait donc faire double emploi que de la compter à part.

M. Lombroso se défend d’avoir identifié le demi-fou (mattoïdo) et le criminel-né, Je prends acte de sa rectification ; mais ma confusion me semble avoir été excusable, puisque d’autres l’ont fait, si j’en juge notamment par le passage suivant de M. Garofalo (Criminologia, p. 92), relatif à la névrose criminelle : « On a essayé, dit-il, de découvrir le substrat corporel de cette névrose dans les anomalies crâniennes et physiologiques d’un grand nombre de délinquants, appelés par Lombroso mattoïidi criminali. Et Ferri, en leur donnant le nom de délinquants-nés, a poursuivi sur une large échelle les observations anthropologiques comparées sur les délinquants et les honnêtes gens. »

On sait que MM. Ferri et Garofalo sont, avec M. Lombroso, les chefs de la nouvelle école des criminalistes italiens.

G. Tarde.
5 juillet 1885.