Page:Ribot - Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome 20.djvu/330

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
326
revue philosophique

ou par un compliment. L’excitation électrique douloureuse ne produit en général aucune réaction, ce qui montre bien la fréquence de l’analgésie chez le criminel. Le vin et les femmes modifient la courbe, l’argent plus encore, et la vanité plus que tout le reste ; la réaction est, dans ce dernier cas, plus élevée que la normale. La vanité du délinquant est la plus grande qui existe. La diminution de la sensibilité, et surtout l’abaissement de la sensibilité douloureuse expliqueraient la longévité ordinaire des criminels. Suivent quelques considérations sur cette intéressante question.

Lombroso. Folie morale et délinquant de naissance. Le criminaliste italien essaye de démontrer l’identité de la folie morale et du délinquant de naissance par des observations qui ont pour objet : la statistique, le poids, le crâne, la physionomie, l’analgésie, le sens du tact, le tatouage, les réactions vaso-motrices, l’agilité, la sexualité, le sens moral, l’affectivité, l’altruisme, la vanité excessive, l’intelligence, l’astuce, le goût des autobiographies.

Lombroso. Identité de l’épilepsie, de la folie morale et de la délinquence congénitale. — Maudsley a remarqué que les individus qui manquent de sens moral sont principalement des épileptiques ou des imbéciles. Kraft-Ebing a dit que la folie morale se rencontre le plus souvent chez des aliénés présentant des symptômes épileptiques. Reprenant la même idée, Lombroso s’efforce de l’appuyer sur un ensemble de preuves cliniques. — Dans la folie morale comme dans l’épilepsie, la stature et le poids du corps sont souvent, chez 13 0/0, supérieurs à la moyenne normale. Voici des chiffres de stature, pour l’épilepsie, par exemple. Stature moyenne : 41 ; inférieure à la moyenne, 43 ; supérieure, 47. — Dans la folie morale et dans l’épilepsie on note une coïncidence presque générale des anomalies du crâne et des méninges (asymétrie du crâne, exostoses ; méninges épaissies, œdémateuses, scléroses, ramollisements, etc.). Viennent ensuite des réflexions sur la physionomie des sujets. Une table représentant les photographies de 221 épileptiques montre la prédominance de certains caractères qu’on retrouve chez le délinquant de naissance : les oreilles en anse, les pommettes saillantes, les rides du front, l’absence de barbe, l’exagération des mâchoires, l’asymétrie faciale, le front bas et fuyant chez les hommes ; les pommettes saillantes, les mâchoires volumineuses, la physionomie virile, les rides, les oreilles en anse, chez les femmes. On observe aussi, dans la folie morale comme dans l’épilepsie, de l’obtusion de la sensibilité, et divers troubles du côté de l’œil. Mais les principaux points de contact se trouvent dans la psychologie de ces deux ordres de sujets.

Alberto Severi. Le tatouage chez les fous. — Il est rare, a dit Lombroso, que des fous se tatouent la peau. Leurs tatouages sont presque toujours antérieurs à leur folie. De Paoli a trouvé une proportion de 6,54 0/0 de fous tatoués. L’auteur ayant examiné 1 137 aliénés a trouvé 46 tatoués. Chose curieuse, sur 1206 femmes aliénées, il n’a pas trouvé un seultatouage. L’idée directrice de ses études était de chercher s’il existait